Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 20:34

                                       Vesprée africaine
                                      =============

                                                                                   A ... beaucoup.   

              S’il est un moment béni des dieux en Afrique ce sont les quelques trente minutes qui précèdent la chute du jour.
              Le disque du soleil, dans un dernier rougeoiement de gloire se hâte de fuir, de disparaître derrière la colline poursuivi par la nuit qui a déjà envahi l’autre horizon.
              C’est le moment où sur la terrasse, le planteur, le prospecteur, le territorial, l’isolé, savoure une boisson rafraîchissante confortablement installé dans un fauteuil en rotin, les pieds sur un tabouret.
   
              Le personnel de maison est rentré auprès de sa famille, et la sentinelle de nuit, si elle n’est pas en retard ne viendra qu’à la nuit tombée.
              C’est l’instant de solitude, de réflexion-, d’introspection, moment béni de fin journée.
              Peut-on oublier pareilles minutes lorsque la nature se réveille de son long engourdissement diurne, lorsque la fraîcheur relative fait une timide apparition, lorsque les moustiques commencent leur sarabande infernale, lorsque le crapaud buffle  pousse son premier coassement d’amour là bas au bord du marigot, lorsque moult insectes, cigales ou autres entreprennent de frotter leurs élytres en un long crissement qui durera toute la nuit.
              Au loin, parfois, le tintamarre d’une bande de garde bœufs qui rejoignent leur île, mission diurne accomplie.
              En tendant l’oreille peut-être aura-t-on l’occasion de saisir un furtif feulement, celui d’un prédateur en chasse.
              Il y a aussi les chevrotements inquiets du petit bétail qui se hâte de regagner l’abri de son enclos dans le village voisin ainsi que quelques grognements de chimpanzé occupé à améliorer son confort dans la canopée pour y passer la nuit.
              Et puis, aussi l’odeur de  fumée d’un feu de brousse lointain agonisant dans la fraicheur du soir.

              J’y étais lorsque dans la brume tremblotante au bout du sentier apparut une silhouette ondulante.
              Elle semblait flotter dans l’air, sans toucher le sol de ses pieds, ondoyant lascivement sous le poids de sa charge.
              Les folioles du palmier le long du sentier semblaient elles aussi s’effleurer au rythme de ses pas, doucement agitées par le petit vent du soir habitué de la savane.
              Mon cœur, lentement pris le même tempo, harmonie parfaite entre  les palmes, l’effet d’optique et l’ondulation de celle qui s’approchait, synchronisme de la nature.
              Elle a déposé son fardeau et est venue vers moi, à la fois sérieuse et déterminée.

              Comment résister ?
              Pourquoi résister ?

              Cette magnifique apparition venait de la source où elle avait été faire ses ablutions vespérales, son pagne, noué au dessus de sa poitrine était humide et ses épaules laissaient voir quelques gouttelettes d’eau, un oasis de fraîcheur après cette longue et lourde journée ensoleillée.
              J’ai plongé mon regard dans l’abysse de ses yeux, profonds, bruns foncés, ni consentants, ni entreprenants, ni ternes, ni triomphants, ni tristes, ni joyeux, surtout pas soumis, simplement présents, avec une petite étoile de compréhension et d’acquiescement: miroirs de l’âme.
              Elle savait qu’elle allait accomplir, depuis la nuit des temps, depuis que l’humanité existe, elle allait effectuer l’acte pour lequel la femme, dans toute l’acceptation du terme, dans tout le respect qu’on lui doit, a été créée.
   
              Puis attiré par ses épaules où de légers frémissements dus à la fraicheur du soir, parcouraient ces dunes si tentantes à l’odeur à la fois fraîche et légèrement capiteuse, je n’ai pu m’empêcher de m‘approcher, je voulais boire, boire et encore boire jusqu‘à plus soif à cette fraîcheur si délicatement parfumée,  j’ai posé un long baiser au creux de son cou dans l’espoir de m’imprégner de cette discrète fragrance  africaine, la respirer, la boire, la déguster.
              Elle s’est laissé faire, longtemps j’ai respiré sans pouvoir me pénétrer de ces subtils parfums.
   
              C’est à ce moment que son pagne s’est détaché et m’a révélé la splendeur de son corps.
              Une peau ferme, lisse, satinée, splendide et attirante, offerte à ma contemplation.
              Deux grappes mûres, parfaites, douces au toucher, consentantes, fières et palpitantes.

                                          Femme noire, femme d’ébène
                                              Pourquoi es-tu si belle ?
                    Quelle est la déesse peu jalouse qui t’a faites à son image ?
                           Et pourquoi tant d’émoi rien qu’en t’ admirant ?

              Sans nous quitter des yeux, sans échanger un mot pour ne pas briser le charme, nous nous sommes couchés.
              J’aurais voulu que cet instant dure une éternité.
             Nos corps ont pris le rythme de nos cœurs, longtemps, trop peu de temps, tout en scrutant nos âmes.
              Et lorsque le feu d’artifice nous a surpris, s’est déclenché, c’est à cet instant que les myriades d’étoiles du firmament se sont allumées.
              Ni mon souffle, ni ses gémissements n’ont pu les éteindre, elles sont restées témoins de notre plaisir, de notre bonheur, de notre langueur.

              Longtemps, nous sommes restés unis, sans bouger, les yeux dans les yeux; nous voulions prolonger ce moment de grâce,  je voulais pénétrer son âme comme elle m’avait autorisé à pénétrer son corps.
              Nous étions autre part, dans le firmament, dans une autre dimension, la terre, l’eau, le feu et l’air n’avaient, pour nous, plus aucune signification, nous étions dans la galaxie sous la protection des étoiles qui nous contemplaient.
              Notre éducation, les bons principes, la religion, la moral, les différences raciales, l’origine, tout cela était gommé, nous étions Eve et Adam, bercés par le flot d’un plaisir édénique.

                                                                               Non ! Je ne regrette rien !

                                                                                                            Antonio
                                                                                                         21.05.2011

 
           

Partager cet article
Repost0

commentaires