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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 17:11

Lorsque le soleil devient noir.

 

 

            La vie ne nous fait pas que des cadeaux, elle est une lutte de tous les jours pour chacun d’entre nous pour résoudre les problèmes qu’elle nous soumet, les énigmes pour lesquelles il faut que nous trouvions des solutions.

           Mais en général, le bilan est positif, il faut avoir de la chance bien sûr, du courage depuis l’âge de raison, que l’on situe en général vers 7 ans, et une opiniâtreté jusqu’au dernier jour de notre existence.

            C’est une lutte pour émerger, on ne peut être le meilleur en tout, même le meilleur en rien est en soi une bonne chose tant que l’on reste dans une juste moyenne, dans le cadre de notre bien être, de notre conception de la vie.

            Il y a place pour tout le monde, l’importance est d’avoir un peu d’ambition et de considérer que la place est bonne, mais qu’il y a mieux, juste un peu plus haut, ce qui nous obligera à faire un effort sans que cela devienne une obsession.

            Le progrès, la croissance dans l’échelle sociale ne doit pas être fulgurante, elle doit être progressive mais ininterrompue.

 

 

Les aléas de l’existence

 

                                                                                               Si ... .

                                                                                               Tu seras un homme mon fils

                                                                                                            Rudyard Kipling (1901)

 

            Les coups durs, il y en a, ils sont en préparation très souvent sans que nous nous en apercevions, ils sont en cours et nous désespèrent ou encore, ils sont dans nos souvenirs proches et ils continuent à marquer notre vie.

            Si nous avons la sagesse de les prévoir, nous nous efforçons de les éviter, mais ils surviennent trop souvent sans préavis, ils nous réveillent un matin au saut du lit sans que même nous n’ayons pu envisager qu’ils puissent se manifester.

            Et puis, petit à petit, ils s’éloignent, on ne les oublient pas, mais ils cessent d’occuper tout notre horizon, remplacés par d’autres problèmes que nous devons aussi prendre à bras le corps

            Nous avons crains pour l’amour, la pérennité de notre ménage, pour la santé de nos proches et la nôtre, nous avons eu des catastrophes, des incendies, des tempêtes, la grêle qui détruit les récoltes, des inondations, la perte d’un être cher d’un enfant peut-être, la ruine financière, un accident, des trahisons, la maladie du bétail, une guerre extérieure, nous avons été victimes d’escrocs, de tourmenteurs divers qui en voulaient à notre valeur morale.

            Tout cela, toutes ces attaques, tous ses soucis ponctuels, nous les avons combattus, nous avons négocié plus ou moins bien, nous avons surmonté le stress et avons plus ou moins gardé notre personnalité même si quelques cicatrices psychologiques, celles qui ont formé ou transformé notre caractère peuvent ne jamais totalement disparaitre.

            Ils font et ils feront, jusqu’au dernier jour de notre existence partie des expériences auxquelles nous pourrons toujours nous référer même si, comme on le dit, l’expérience des parents n’est que rarement léguée aux enfants.

 

 

Profondes douleurs

 

            Mais, hélas ! il y a parfois pour certains d’entre nous des chocs bien plus graves, des attaques qui nous interpellent bien plus sérieusement, au plus profond de notre être.

            Ce sont les espoirs déçus, des élans psychologiques brisés, lorsque l’on a basé toute son énergie à résoudre un problème grave, grave parfois seulement pour nous, mais important à nos yeux, dont la résolution devrait avoir un puissant impact sur notre moral, sur notre avenir.

            Ce sont ces déceptions profondes qui nous font paraitre le soleil, notre astre radieux, lumineux, celui qui par sa clarté nous donne la vie, il nous le font paraitre froid, mais aussi sans reflet, sans teint, terne, parfois totalement noir.

            Un objectif sur lequel on travaille, on concentre toute notre énergie, tout notre savoir faire, toute nos espérances, il est le but a atteindre, il est de jour en jour à portée de main, il est là, prêt à être saisi, il se donne, enfin il est atteint ou presque...

              Puis, tout s’écroule, un détail, une légère erreur, un incident, un mauvais calcul et c’est le trou noir, c’est le soleil noir.

 

 

Espoir d’avenir

 

                                                                                                                      Adieu, Lili Marleen

                                                                                                                                Hans Leip (1915)

 

            Il est là, ce jeune homme, fier comme un coq, heureux comme pas possible, il va se marier avec sa dulcinée, celle qu’il fréquente depuis bientôt trois ans

            Ils se connaissent, ont fait des projets d‘avenir, ils veulent vivre ensemble, ont loué un logement, ont choisi leurs meubles, ont programmé la venue de leurs enfants, du moins autant que faire se peut, ils vont enfin, devant le magistrat communal, unir leur vie.

            Jour faste, jour heureux évènement auquel ils ont convoqué la famille, bien sûr, mais aussi les amis et connaissances.

             Il fait beau dehors, le soleil brille, le ciel est bleu, c’est le printemps, l’avenir est à eux.

            Un peu de retard, c’est normal, une femme, même le jour de son mariage a toujours des choses a faire et surtout à dire au dernier moment, puis il y a les embouteillages...

            Enfin, le GSM donne son bip, un SMS : “Je regrette. J’ai changé d’avis. Je ne suis pas prête. Pardonnes moi. “

            Le jeune homme est atterré, écroulé, il entend quelques petits rires discrets derrière lui, il voit quelques petits sourires entendu sur les lèvres de certains convives, mais lui, il est dans une autre dimension.

            Adieu espérances élaborées en commun, une trahison de dernière minute, des excuses a présenter au maire de son village, une retraite sans gloire, s’enfermer dans sa chambre en proie à sa tristesse à sa douleur.

            Pour lui, ce jour là, le soleil est froid, il n’est pas brillant, il est noir.

 

 

Espoir de maternité

 

                                                                                                                               Sometimes I feel

                                                                                                                                like a motherless child

                                                                                                                                          Mahalia Jackson

 

          Un  couple plein d'espoir, lui a quarante cinq ans, elle vient d'en avoir quarante et un, ils sont mariés depuis plus de vingt ans, et malgré de solides efforts n'ont pas encore réussis à avoir un enfant.

          Ils ont tout essayé, maintes et maintes fois, ils ont eut aussi maints et maints espoirs, mais toujours sans parvenir au succès.

          Cependant, cette fois-ci, tout se passe bien, Madame est enceinte de huit mois, la chambre du petit (car ce sera un garçon) est prête, des dessins, des tas de jouets déjà, bref le grand espoir.

          Il est temps, car la vie continue et le cycle de fécondité accepte rarement les prolongations, c’est cette fois-ci ou jamais.

          La mère, la belle-mère et même la vieille tante ancienne sage-femme de nos campagnes sont aux petits soins, l’équipe d’obstétrique de la polyclinique du quartier est sur pied de guerre, encore un peu de patience et enfin, l’espoir, l’attente sera comblée.

          Et puis.. Pourquoi ? Ce matin, vers cinq heures ce fut la catastrophe, Madame a perdu l’enfant, sans espoir de viabilité.

            L’effondrement complet, c’était le dernier essai possible, ils vivrons ensemble le reste de leur existence sans descendance, sans petits enfants pour égayer leurs vieux jours.

            Qu’y faire ?

            Comment réagir ?

            Eux-seuls peuvent en sortir.

            Lui seul est capable de rassurer son épouse qui va très certainement culpabiliser de n’avoir pu mettre un enfant au monde, de n’avoir pu combler les espoirs auxquels peuvent prétendre tous les couples.

            Ce jour là, pour eux deux, isolés dans leur tristesse, le soleil est froid, le soleil est noir.

 

 

 

Espoir de promotion

 

                                                                                                                                 Le bûcher des vanités

                                                                                                                                           Tom Wolfe

 

            Comme chaque année, cette grande entreprise réuni ses cadres en un drink de fin d’exercice, un verre de mousseux, quelques zakouskis, un petit message de remerciements de la part du grand patron et la distribution des enveloppes qui situent le niveau de responsabilités et les émoluments de chacun pour l’exercice suivant.

            Moment très attendu et aussi un peu redouté par certains.

            Quelle va être le verdict ?

            André, lui, n’a pas grand chose à craindre, depuis trois ans qu’il est dans la boite, il a donné le meilleur de lui-même, créatif, courageux, plein d’esprit d’entreprise, ayant sa place dans l’équipe, apprécié par ses pairs, actifs lors des réunions de gestion ou de développement, une fois même, il y a moins de deux mois, le grand patron, himself, qu’il avait croisé dans un couloir lui avait tapé sur l’épaule en lui disant.. “Comment allez-vous André, vous faites du bon travail, continuez”.

            Bref, l’optimisme était de mise.

            Après le discours, le toast, le chef du Service du Personnel remets à chacun son enveloppe.

            Le cœur un peu battant, il l’ouvre et déplie la lettre d’espoir qui lui est destinée.

            Comment ? C’est impossible, une maigre augmentation de 1, 5 %, un mot de remerciement et d’espoir de continuation pour l’année qui vient et... c’est tout.

            Autour de lui, d’autres collègues font piètres figures, d’autres exultes, expliquent déjà leurs nouvelles fonctions, la limite ou la non limite de leurs nouvelles responsabilités, tracent aussi des projets sur la comète, se voient déjà en haut de l’affiche.

            Que va dire André à son épouse, eux qui avaient des projets en fonction de l’espoir de promotion ou du moins d’une bonne rallonge de salaire ?

            Que va penser Paulette, son épouse en admiration devant lui, qui est témoin des efforts faits pour progresser dans l’organigramme de la firme ?

            Ne va-t-il pas, à ses yeux perdre de sa valeur ?

            Lui qui tient tant à son épouse ne va-t-il pas la voir se détacher lentement, déçue, doutant de son bon choix ?

            Comment lui expliquer le ou les problèmes dont il ne connait ni les données ni la réponse ?

            André est épuisé, écroulé, il sent venir le découragement, la dépression, pour lui, aujourd’hui, le soleil devient froid, le soleil devient noir.

 

 

Espoir de réussite

 

                                                                                                     Ami, entends-tu le vol noir du corbeau

                                                                                                     dans la plaine ?

                                                                                                     Ami, entends-tu les cris sourds du pays

                                                                                                     qu’on enchaîne ?

                                                                                                                 Joseph Kessel et Maurice Druon (1943)

 

            C’est un homme de grande expérience, plus très jeune, mais un vieux politicien rodé à toutes les ficelles de la négociation, qui a l’avantage de ne pas être affilié à un parti dominant, bref l’homme qu’il faut pour débrouiller les situations les plus embrouillées.

            Et la situation est embrouillée, il est appelé par le chef de l’Etat à “concilier l’inconciliable”.

            D’autres, et pas des moindres ont essayé avant lui, mais tous ont du jeter l’éponge: mission impossible.

            Il va quand même essayer et pendant trois mois, va avoir des dizaines de contacts avec les milieux les plus divers, politiques, économiques, syndicaux, patronaux, des experts en gestion bancaire, des professeurs d’université en économie politique, en gestions financières; tout ce beau monde sera à sa disposition, il pourra le mettre à contribution, il sera toujours prêt à collaborer et aider cet homme à trouver une solution à ses problèmes, à nos problèmes, qui sont aussi les problèmes de toute une nation, dont dépendra le bien-être de plus de dix millions d’habitants.

            Des centaines d’heures de négociations, des nuits blanches à ne plus les compter, des week-ends et des vacances que l’on oublie, auxquels on n’a même pas eu le temps de penser, seront, pour cet homme courageux, patriote ce qu’il aura vécu durant trois mois.

            Plusieurs fois, il a rédigé et présenté à ses confrères politiciens des solutions transitoires, chaque fois, la réponse était: “... Oui, mais ...” , et chaque fois il remettait son travail sur le métier, le peaufinait, le présentait au Chef de l’ Etat, cherchait auprès de lui un encouragement, un conseil et inlassablement continuait à travailler.

            Des problèmes familiaux, tels que tous nous en avons tous, ne l’ont pas épargné non plus, il y a consacré un minimum de temps et s’est remis à la tâche.

            Finalement, un espoir, une dernière mouture semblerait être un bon départ à une discussion durant laquelle seuls quelques détails viendraient à être modifiés.

            Il semble avoir une solution, il respire, le sourire réapparait sur son visage, ses traits tirés par la fatigue et le stress semblent se détendre.

            Et vient la présentation finale de ce qu’il pense être son dernier rapport, rapprochant tous les points de vue.

            Soulagement, les cinq premières réponses sont positives, mais les deux dernières font échouer, chavirer ce vaisseau patiemment construit, planche par planche des mains de cet homme courageux.

             Il ne pouvait penser, ou du moins il espérait qu’il n’y avait pas d’agenda caché.

            Hélas, il doit déchanter, dès le début, son travail semble, actuellement, avoir été voué à l’échec.

            Des considérations bassement politiciennes, électoralistes semblent devoir l’emporter sur la notion de bien être de la Nation.

            Trois mois de travail dans l’enthousiasme, trois mois à écarter les écueils, à chercher à trouver des solutions alors que dès le début les dés semblent avoir été pipés.

            Que va-t-il faire, rendre rapport au Chef de l’Etat, au Roi, au père de la nation, se ressourcer, chercher du réconfort ou peut-être simplement retourner à ses occupations.

            Il est découragé, on a joué avec lui, avec ses capacités de travail, avec son esprit patriotique, avec son expérience, avec le respect que chacun lui doit, il en est conscient, pour lui, aujourd’hui, le soleil est froid, le soleil est noir.

 

 

 Espoir de liberté

 

                                                                                                                Let my people go...

                                                                                                                        Paul Robeson

 

            Dans une salle d’audience de la cour d’assises, un homme jeune, vingt-cinq ans attend son jugement.

il est accusé de meurtre, mais il es innocent, réellement innocent, il le sait, son avocat aussi.

            Il était au mauvais moment au mauvais endroit et tout semble l’accuser, mais il a confiance.

            L’avocat général n’a pas été tendre avec lui, mais c’est son métier; par contre son avocat, celui de la défense a été admirable de conviction et l’issue du verdict ne fait aucun doute, ce soir, il sera relaxé, il sera libre, ce soir, il sera dans les bras de sa petite amie, ils pourront voir l’avenir en rose, envisager de se marier, car elle l’a attendu durant ces deux longues années d’enquête durant lesquelles il était en détention préventive.

            Enfin, le jury sort de la salle de délibération, il tend l’enveloppe au Président du tribunal, le justiciable et son avocat échangent un clin d’œil d’espoir, de certitude.

            “ Le jury déclare ....? coupable !”.

            Vingt cinq ans de servitude pénale principale.

            Avec un peu de chance, avec beaucoup de chance, il sortira de prison dans six ou sept ans.

           C’est la fin de ses espoirs, de nombreuses années de solitude, de galère l’attendent dans un enfermement physique et psychologique.

            Adieu l’espoir de faire sa vie avec son amie, il est condamné par un jury d’assise, sans possibilité d’appel, il est emmené entre deux gendarmes vers son destin, vers son isolement d’ encore au moins six ans.

            Le soleil, pour lui, est devenu froid, le soleil est devenu noir.

 

 

 

Espoir de réconciliation

 

                                                                                                            Nobody knows the truble I ‘ve seen

                                                                                                                            Louis Armstrong (1962)

 

            Le vieil homme était heureux en cette soirée de Saint-Sylvestre, il avait pu ouvrir sa maison à toute sa famille.

            Il faut vous dire que depuis plusieurs décennies, il y avait un imbroglio impossible à dénouer, ses fils, filles, beau-fils, belles filles, petits enfants étaient en éternelle bisbrouille.

            Les raisons ?

            Plus personne n’en savaient réellement la cause, quelques mots mal interprétés, des jalousies féminines, de sombres histoires d’intérêts commerciaux ou d’héritage ou d’autres circonstances oubliées depuis longtemps.

            Il y a trois ans, qu’il était veuf et depuis le décès de son épouse il n’avait eu de cesse que de réunir la famille, de pouvoir réaliser la réconciliation qui serait pour lui le sommet, le couronnement de sa vie qu’il savait toucher à sa fin.

            Et aujourd’hui,, ils étaient tous là, s’étaient salués, embrassés comme si jamais il ne s’était rien passé.

            Les verres et les zakouskis avaient circulés dans une bonne humeur non feinte.

            Le fruit du travail de l’ainé de la famille était bien là; que de coups de téléphones, de messages, de visites, de discussions, de gentillesses, de petites choses gentilles ont été nécessaires pour en arriver, après trois ans d’efforts à ce résultat.

            Vraiment un bon jour plein d’espoir.

            Et puis, que s’est-il passé ?

             Là bas, derrière le sapin de Noël illuminé, un mot plus haut que l’autre, était-ce une belle-fille, un gendre ou autre chose, mais le ton monte, les invectives surgissent, des clans se forment, des vieux souvenirs reviennent à la surface, c’est la pagaille générale.

            Oubliés les verres à demi vides, les plateaux de gâteries, le vestiaire se vide, les manteaux sont retirés, les visiteurs quittent la maison, furieux, remontent dans leurs voitures et disparaissent.

            Le vieil homme reste seul, avec une de ses petites filles qui a eut pitié de son Papy et le console comme elle peut.

            C’était la dernière possibilité de réunir tout le monde, l’aïeul sait qu’il n’aura plus le temps de reprendre ses efforts, de recommencer cette lutte diplomatique, sera-t-il encore là à la fin de l’année, à la prochaine fête de Saint-Sylvestre... après la déception de ce jour.

            Il est certain qu’il quittera ce monde sans avoir pu rapprocher les membres de son lignage, il laissera derrière lui une famille en charpie, une honte pour un patriarche.

            Tout cela parce que, certains, égoïstes, orgueilleux, n’ont vu en cette fin d’année que leurs petites mesquineries de terriens terre à terre, heureux d’avoir eu raison, de quoi ?

            Ils n’en savent rien eux même.

            Mais pour cet homme, pour ce vieil homme qui cette nuit est devenu encore bien plus vieux, c’est un drame, un échec final, une défaite de fin de vie qui lors de la dernière minute de sa vie viendra encore hanter son agonie.

            Ce soir, pour ce Papy, le soleil est froid, le soleil est noir.

 

 

 

Erreur irréversible

 

            Mais le soleil noir n’apparait pas seulement à ceux qui ont eu un grand désespoir, une grande déception qu’ils ont difficile de surmonter.

            En 1932, dans la province du Bandundu, au Congo alors belge, un jeune géomètre courageux nous a laissé un bien triste témoignage.

            C’est en ayant la possibilité de consulter des archives familiales que je suis tombé sur l’anecdote.

            Cet homme courageux était géomètre de profession, il partait en brousse où il vivait sous tente, loin de tous chemins de tous sentiers, de toutes agglomérations durant parfois plus de 15 jours.

            Son travail consistait à partir d‘un point géodésique connu, de faire une base précise à la chaine d’arpenteur puis une suite de triangulations au théodolite pour relever les limites d‘une région, d‘une concession, de clôturer ses polygones et après report sur papier adéquat de rendre son travail à ses supérieurs..

            Il partait avec une petite équipe, un domestique, quelques militaires, des porteurs et aussi quelques travailleurs pour tracer les percées dans la brousse.

            Tout ce petit monde vivait en autarcie pendant souvent deux semaines, avec un rythme de travail bien précis, la matinée, percées, relevés, prise de notes et les après midi, les calculs, les croquis et les schémas.

            Après deux semaines de ce labeur, c’était le retour dans un poste où, sur une vraie table à dessins, les données étaient reportées, les calculs une nouvelle fois vérifiés et les plans tracés en cinq exemplaires et signés.

            Sur le terrain, naturellement, le géomètre était seul européen, et devait veiller à la discipline mais aussi à l’alimentation de sa petite troupe.

             Il chassait pour assurer le ravitaillement en protéines.

            Un jour, il voit dans ses jumelles un beau groupe d’une cinquantaine d’antilopes et il décide de renouveler le garde-manger.

            Après quelques approches, il se trouve face à face à cinquante mètres avec un magnifique mâle qui le regarde dans les yeux et ne bouge pas.

            Normalement, la bête devait détaler de toutes la vitesse de ses pattes, mais ce n’est pas le cas.

            Elle est ajustée, et immédiatement foudroyée.

            Derrière elle, une autre antilope dresse la tête et subit le même sort.

            La petite troupe qui accompagnait le chasseur alimentaire se déchaine, des chants, des cris, une joie et bientôt le dépeçage.

            Mais... horreur ! Du moins pour l’européen, la seconde antilope était une femelle qui mettait bas, une jambe était déjà sortie et le mâle surveillait.

            Tête basse, le Nemrod est rentré dans sa tente, les larmes aux yeux, il avait presque commis un crime, il avait anéanti toute une famille, le mâle qui protégeait sa compagne en train de mettre au monde.

            Si cela ne semblait aucunement déranger les Africains, pragmatiques, pour l’Européen c’était un drame, un acte qui allait à l’encontre de ses principes.

             Il était seul dans sa tente, en proie à ses états d’âme; ses travailleurs exultaient, un gouffre entre deux cultures.

            Ma petite fille aurait certainement développé cela comme exemple dans un travail d’ethnopsychiatrie.

            Ce courageux géomètre, ce jour, a vu le soleil devenir noir.

 

 

 

La Saint Sylvestre, un pré-carnaval

 

            Les réunions à l’occasion de la nativité sont pour moi assez sympathiques, ce sont des réunions de type rurales, il y a la paille, l’auge, les bergers, les moutons, l’âne, le bœuf, l’étable, le chien et dans ma jeunesse, on allait à la messe de minuit, on se retrouvait entre voisins, en famille, c’était convivial à souhaits, villageois.

            A la Saint-Sylvestre, par contre, c’est très différent, plus citadine, une grande réunion de personnes qui ne se connaissent pas, qui défilent dans les rues en faisant semblant d’être gaies, ils chantent, ils crient aux étoiles, ils se côtoient sans se voir, il est de coutume de se défouler mais il n’y a pas de réel ciment entre les composants.

 

                                                                                                                             America, the beautiful

                                                                                                                                   Katharine Lee Bates (1895)

 

            Un des plus beaux chants patriotiques américain, chantés par tout ce qui sait ou savait chanter, Elvis Presley, Louis Armstrong, le Mormon Tabernacle, Ray Charles, Whitney Houston, mais surtout, pour moi la meilleure exécution est celle de Barbra Streisand.

            Dès que ce chant émerge, toutes les personnes présentes se lèvent, au garde à vous, la main sur le cœur et entonnent à pleine voix cet hymne à la fierté d’être américain “ Proud to be American”, sans distinction de races, d’origines ou de religions, une vraie foule telle que la concevait Gustave Lebon.

 

                                                                                                                                  Petit pays, petit esprit

                                                                                                                                         Léopold II

 

          Les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas parfait, loin d’être un paradis idyllique pour ses habitants, mais ceux-ci sont fiers d’être américains.

            Qu’en est il de nous, Belges ?

            Si nous pouvions avoir un chant patriotique qui nous unirait tous avec autant de ferveur, nous aurions depuis longtemps remisé nos complexes et oublié les termes bien mal venus d’un de nos souverain.

 

            Le soir de la Saint-Sylvestre, la population qui déambule dans les rues des capitales ne constitue pas une foule, mais seulement une masse de gens en couples, en famille, entre quelques amis, autant de petites unités qui sont très rarement unies par un même idéal, par une même idée.

            Loin des foules américaines devant un chant patriotique qui constituent un ensemble homogène, les participants aux festivités de nos grandes villes la veille du Jour de l’An sont autant de microcellules qui n’ont aucun idéal commun.

            Chacune de ces micro-unités est isolée ou quasi isolée de sa voisine, chacun vit sa soirée comme il l’entend.

            Il y a le feu d’artifice, c’est intéressant à voir, cela dure vingt minutes.

            Vingt minutes durant lesquelles les effets pyrotechniques tentent symboliquement de réveiller le soleil par leurs éclats colorés, vraiment très beau

            Les Egyptiens aussi, tout les matins remerciaient le Dieu Rà de daigner les revisiter.

            Et puis après, chaque petit groupe de cette masse, prend un dernier verre, fait éventuellement quelques pas de danse et rentre chez lui pour sombrer dans un sommeil profond.

            Vers onze heures, parfois plus tard, un dur réveil attend les fêtards, un Dafalgan effervescent pour faire passer le mal de tête et une tasse de café bien chaud avant de traîner sa flemme dans la maison le reste de la journée.

             Enfin ils auront passé, suivant la tradition un excellent Jour de l’An et devraient se trouver en pleine forme pour commencer, dès demain, leur travail habituel jusqu’au prochain Saint-Sylvestre.

            J’ai eu de la chance, je n’étais pas seul durant cette soirée, nous étions, mon épouse et moi-même devant la télévision à regarder un concert d’André Rieux à New-York.

 

 

                                                                                                                                    Oh ! happy day

 

            Très bonne soirée, comme d’habitude avec André Rieux, un excellent “America the beautiful ” puis, l’inévitable “Oh ! happy day” massacré par un groupe Gospel qui a fait une bien minable prestation.

            Au moment ou ils ont commencé a célébrer ce jour joyeux, cela a été plus fort que moi j’ai eu une émotion, les larmes ont jailli de mes orbites.

            Pourquoi, ce Jour de l’An devrait-il être un jour heureux, un “happy day”, il n’y a vraiment aucune raison, pas plus qu’hier ou que demain.

            Voulait-on célébrer la fausse joie, la joie prévue, contrainte, programmée, obligatoire, de ceux qui, dehors, hurlaient à la lune ?

            Je pensais à ceux qui au fond de leur tristesse, de leur désespoir, à ceux pour qui le soleil était noir et qui n’avaient que faire du tintamarre de ferrailleurs qui se déroulait bien au dessus d’eux.

            C’est à eux que je pensais et ce sont eux qui étaient la cause de mon émotion.

            Ils étaient seuls, face à eux même, devant leur douleur et personne ne pouvait les consoler et certainement essayer de les convaincre qu’aujourd’hui, premier janvier 2011, c’était un “happy day”, car pour eux, le soleil était noir.

 

                                                                                                                             When the saints

                                                                                                                             go marching in

                                                                                                                                    Tous les jazzmen du monde

 

 

            Il est rare et je n’aime guère terminer un texte sur une note pessimiste, j’aurais préféré voir au fond des ténèbres de ce soleil noir une petite étincelle, une bougie lointaine qui aurait donné un peu d’espoir à ceux qui pensais ne plus pouvoir espérer de rien.

            J’aurais pu alors invoquer la parade finale de toute prestation des jazzmen du monde, un espoir que le jour de la résurrection, ils seront parmi les élus.

            J’ai cherché et malheureusement, je n’ai pas trouvé.

 

 

             Veuillez, chers amis m’en excuser.

 

 

                                                                                                                              E.A.Christiane

 

 

                                                                                                                     Anderlecht le 10.01.2011

 

 

                                                                                                                           

 

 

.                                                                                                                                          

 

 

 

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 21:52

Bismillah... Au nom du Dieu, le gracieux, le miséricordieux

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                                                                            Tu es chacun et tu n’es personne

                                                                            Tu n’es pas un seul être

                                                                            Et tu n’es pas l’ensemble de tous les êtres.

 

                                                                                    (Hymne de saint Grégoire de Naziance)

                                                                                    (Cité par Jean d’Ormesson dans :

                                                                                    “C’est une chose étrange à la fin que le monde “

                                                                                     -Laffont Paris - 2010 )

 

 

                            La période de fin d’année, m’inspire toujours et me porte à rédiger quelques considérations personnelles du fait du solstice d’hiver qui, pour moi, est de loin plus questionnant que le solstice d’été, de la fête ( en juin) de la saint Jean.

                              Une habitude, car c’est l’époque durant laquelle je suis en Espagne où, je n’ai strictement rien à faire sauf à tester le divin moscatel.

 

 

Quand la quête dépasse les besoins vitaux.

 

                              Avant tout et pour éviter tout malentendu, je dois vous avouer que je ne suis pas créationniste, mais évolutionniste, mais cela n’empêche qu’il faut bien, à un moment donné constater que l’homme soit apparu sur notre planète, mais quand, et à quel moment ?

                              Il y avait probablement quantités d’animaux et parmi eux des hominides, ce que nous appellerions aujourd’hui des singes ou quelque chose d’approchant.

                                Leurs seuls soucis étaient de satisfaire leurs besoins primordiaux, se nourrir, se défendre et se reproduire.

                              A partir d'un certain moment, ces êtres (comment étaient-ils) ont réfléchis à autre choses, ils ont réfléchi dans l'abstrait et ont peut être été étonnés de ce à quoi ils réfléchissaient.                                    

                              Ce passage, du concret, du terre à terre, à l'abstrait, voie tracée vers les sphères éthérées de la pensée fut certainement la plus importante chose, le principal phénomène qui leur était arrivé et à nous aussi, on n'avait plus le droit de les appeler "animaux" mais "hommes" puisqu'ils étaient devenus (un roseau) pensant.

                               Lorsque la première créature ou les premières créatures faites de chaire, d’os ou d’écailles a pu, pour la toute première fois, réfléchir dans l’abstrait, dépasser ses problèmes journaliers, elle est devenue un homme.

                             C'est ce phénomène, ce passage qui fut appelé Dieu, ce qui a permis que nous changions de classification dans l'échelle des êtres vivants.

 

                               Lorsqu’il lui a été donné ou plutôt lorsqu’il lui a été possible de pouvoir penser à autre chose, ce fut probablement une de ses première questions: 

 

                                    “ Qu’y a-t-il de changé depuis hier ?”

 

                                    “ Comment était fait hier ?”

                                    “ Pourquoi puis-je me poser ces questions aujourd’hui ?”

 

 

                                Cette “chose”, devenue homme avait changé de statut et pouvait s’interroger sur la manière mais aussi sur la raison de cette transformation.

                                 Evidement, pour suivre ce raisonnement, il faut être évolutionniste, celui qui serait plutôt créationniste serait, dès le moment présent en désaccord avec moi.

                                  D’où, l’idée assez logique d’en faire une puissance suprême qui serait intervenue, et cela fera plaisir aux créationnistes, qui aurait modifié les conditions physico-chimiques du cerveau de cette ou de ces créatures et leur aurait ainsi permis de les faire grimper d’un échelon dans leur évolution.

 

 

Une étincelle plus loin.

 

                                   Ce phénomène, la cause de ce phénomène n’est pas tangible, n’a pas de personnalité, on ne peut la saluer, lui parler, dialoguer avec elle, lui demander des explications, la remercier, la critiquer, elle est impalpable, n’est pas physiquement représentée.

                                    C’est un moment, un instant, une étincelle qui n’a pas d’identité propre, qui n’est pas physique, qui n’existe pas, qui n’a pas de nom, qui ne peut être citée.

                                    C’est simplement un stade qui est dépassé, un pas de plus dans l’évolution.

                                     Cette transformation est due à un phénomène que l’on a dû cependant déterminer, identifier; certains ne peuvent prononcer son nom, d’autres l’ont appelée Dieu ou Allah ou encore de bien d’autres manières.

                                     Au fait, ces noms que l’on a donné, El El, Allah, Dieu etc... n’étaient pas le nom de la cause volontaire du phénomène qui, nous l’avons dit est sans consistance physique, sans identité, les noms qu’il lui a été donné sont ceux du phénomène, de la transformation elle-même.

 

 

                                                                                              Tu as tous les noms

                                                                                              Comment t’appellerai-je

                                                                                              Toi le seul que l’on ne puisse nommer ?

 

                                                                                                        (Hymne de saint Grégoire de Naziance)

                                                                                                        (Cité par Jean d’Ormesson dans :

                                                                                                        “C’est une chose étrange à la fin que le monde “

                                                                                                         -Laffont Paris - 2010 )

 

 

                                      C’est la base, le début, le petit “a” de notre évolution, mais ce n’est pas la cause de cette évolution.

                                       Je ne suis guère spécialiste de ce genre de question, je me suis superficiellement frotté aux trois religions du livre, judaïsme, christianisme et musulmane et j’ai aussi fréquenté des animistes et des totémistes; quant aux autres religions, nombreuses dans le monde, c’est tout juste si je connais le nom de quelques unes.

                                         Aussi, suis-je convaincu que mes idées peuvent être sujettes à critiques, probablement bien fondées, mais elles ne peuvent certainement pas m’empêcher de les émettre.

 

Le Judaïsme - Une constitution gravée dans le granit.

 

                                          C’est dans le cadre réduit des religions du livre que nous trouvons dans le cas de notre civilisation judéo- islamo - chrétienne l’idée de l’invention de Dieu.

                                          Nous resterons donc dans ce cadre sans exclure, par respect, les autres possibilités proposées par les autres cultures.

 

                                           Le Dieu d’Abraham, El El, a été respecté durant six cents ans avant qu’un homme, si l’on en croit la tradition, Moïse, a pris conscience de ses responsabilités politiques envers ses contemporains.

                                            Il a pris les routes du désert à la tête d’une horde de familles pleines d’espoir mais traditionnellement remuantes, qui espéraient beaucoup de cette liberté qu’on leur promettait.

                                            Que de problèmes à résoudre, donner à boire et à manger à tous ces gens, les protéger des dangers du désert et aussi se faire obéir, établir une certaine discipline.

                                              Il s’est retiré au sommet d’une montagne pour élaborer un règlement de vie en commun et assurer son autorité.

 

Le décalogue.

 

                                              Pour soutenir la véracité de ce règlement, il a dit avoir rencontré Dieu en personne, inspiré dans sa retraite par l’idée de Dieu probablement, mais on ne peut échanger des idées avec Dieu, celui qui Le verrait de face serait réduit à néant, ce qui conforte l’idée qu’Il n’est pas palpable, qu’il est un concept.

                                               Moïse prétend quand même qu’Il aurait été autorisé à Le voir de dos, alors qu’Il se retirait.

Moïse est redescendu de la montagne, suivant la tradition avec dix commandements, dix lois qui avaient pour but d‘asseoir son autorité laquelle s‘appuyait sur la bienveillance divine, mais aussi d‘inculquer quelques règles de base de sociologie pour garder la cohésion dans le groupe des Hébreux.

 

 

                                               Je me suis référé à la “Bible commentée par André Chouraqui” - Noms (Exode) 20.3.4. à 20.14.17 (Editions Lattès 1993).

 

 

            I Il ne sera pour toi d’autres Elohim.

 

 

            II Tu ne feras pour toi ni sculpture, ni toutes images de ce qui est dans le ciel en haut, sur terre en bas et dans les eaux sous terre.

 

 

             III Tu ne portera pas le nom d’Elohim en vain.

 

 

                                               Ces trois premiers commandements veillent à affirmer l’autorité de Moïse et surtout à éviter que le peuple juif n’abandonne son Elohim pour de quelconques veaux d’or

 

 

              V Glorifie tes pères et mères.

 

 

                                                Par ce cinquième commandement, Moïse s’appuie sur les chefs de familles, les personnes plus âgées, ayant une certaine sagesse et susceptible d’endiguer les bouillonnements, la fougue, les excès de la jeunesse.

 

 

               IV Tu travailleras six jours, le septième jour, tu ne feras aucun ouvrage.

 

 

                                                Ce commandement a un double objectif, il donne une organisation dans la tâche et ouvre la porte à l’idée d’un jour consacré à Dieu afin de pouvoir revitaliser le culte divin.

 

 

               VI Tu n’assassineras pas.

 

 

                VII Tu n’adultéreras pas.

 

 

                VIII Tu ne voleras pas

 

                 IX Tu ne répondras pas contre ton compagnon en témoin de mensonge.

 

 

                 X Tu ne convoiteras pas la maison de ton compagnon.

 

                                                Tu ne convoiteras pas la femme de ton compagnon, son serviteur, sa servante, son âne et tout ce qui est à ton compagnon.

 

 

                                                Ces cinq dernières lois sont les règles de base permettant une vie en communauté.

Le premier code civil, en fait.

 

Un Dieu discriminatoire.

 

                                                Ce El, ce Dieu n’était pas universel, il devait servir la cause de ce peuple errant, indiscipliné ce fut l’apparition de la confirmation de la notion de “peuple élu”.

                                                Ce Dieu raciste, qui aurait jeté son dévolu sur une population en particulier a causé à ce peuple, au peuple juif, bien des déboires de par leur orgueil d’avoir été élu, ils en ont souffert longtemps et en souffrent encore tous les jours.

                                                Cette recherche du maintient de la pureté raciale, du refus de l’exogamie, de l’exacerbation de ce sentiment de supériorité grâce à la puissance suprême n’a fait qu’accentuer au travers des siècles un sentiment de jalousie et de vengeance de la part des ethnies voisines.

                                                Six siècles environ après l’exode, les souvenirs du peuple juif ont été écrits, codifiés et servent de point de repère à son histoire et à l’histoire de l’Eglise catholique sous le nom de Torah ou d’ancien Testament ( lire mon blog: e.a.christiane.over-blog.com - A travers le temps- Fréquence des évènements historiques).

                                                  La Torah ne peut être considérée comme étant un livre d’histoire, elle est une compilation de récits, de souvenirs, de situations écrites après plusieurs siècles de conservation, de transformations dans la tradition orale.

                                                  Elle sert cependant trop souvent de fil conducteur à l’histoire du peuple descendant d’Abraham par Isaac.

 

Le Christianisme - Marketing et religion.

 

                                                  Et c’est dans cette communauté qu’une jeune femme a donné naissance à un homme exceptionnel, modeste durant les 32 premières années de sa vie, nettement moins la dernière année au cours de laquelle il fut plutôt mégalomane.

                                                  Il fut une grande déception pour le peuple juif qui espérait en lui le messie, il a été mis à mort et ses disciples quelques décennies après son décès ont élaboré ,sur la base de son enseignement oral, une religion

                                                  Cette religion, le Christianisme, après quelques siècles de souffrances et de martyrs s’est imposée dans tout l’empire romain.

                                                 Elle s’est structurée, hiérarchisée et a suivi les péripéties des peuples aventuriers de l’Europe occidentale.

                                                 Elle est devenue, contrairement au judaïsme, une religion universelle au sein de laquelle Dieu s’est dévoilé par son nom et aussi par ses images.

                                                 La religion du Christ n‘a eu aucun état d’âme à emprunter, voir à usurper les images et traditions des peuples qu‘elle colonisait mais en contrepartie n’admettra jamais une quelconque dissidence, déviation de dogme lorsqu’un fait ou une coutume était enregistré dans le doctrine.

                                                 Le Dieu des Chrétiens est polymorphe, le Père, le Fils (Jésus) et le saint Esprit auxquels une femme, Marie, la mère juive de Jésus est associée ainsi que quantités de saints.

                                                 Dieu, sans aucune vergogne, est représenté comme un vieillard sérieux, vindicatif, courroucé, jaloux, entouré de nuées et d’éclairs, copie conforme de Zeus, Jupiter et autres, de quoi impressionner les fidèles les plus téméraires.

                                                 La hiérarchie elle-même est sans pitié pour les dissidents qui seront durant plusieurs siècles pourchassés, détruits par l’anathème, le fer et le feu

                                                  Dieu lui-même n’apparait pas mais a de nombreux contacts avec les humains par des intermédiaires, des anges, des saints et surtout la mère de Jésus de Nazareth.

 

L’Islamisme - Le retour des nomades.

 

                                                 Mais c’est au début du VII éme siècle qu’apparait au milieu des sables en Arabie, un homme illettré qui dit avoir reçu par l’intermédiaire de l’archange Gabriel, durant plusieurs décennies, l’enseignement de Dieu qu’il appelle Allah .

                                                 Né au sein d’une population nomade, de pasteurs, de commerçants, influencée par le judaïsme de leurs voisins, une population de voyageurs attribuant plus d’importance à la puissance commerciale et politique qu’à la terre.

                                                  Les idées de Mahomet, le prophète de l’Islam partent à la conquête du monde, et, douze siècles plus tard, n’ont pas cessé leur progression.

                                                   Leur livre, puisqu’il s’agit de la troisième, de la plus jeune religion du livre est le saint Coran, divisé en 114 sourates.

                                                   La presque totalité de ces sourates commencent par la phrase traditionnelle “ Au nom d’Allah, le gracieux, le miséricordieux ”.

                                                   Cette phrase a visiblement été traduite en français par un arabophone, le mot “ gracieux ” est assez mal choisi et veut effectivement dire qu’il distribue des grâces.

                                                   Personnellement, je l’aurais traduit par “ généreux ” , car il distribue ses bienfaits, ses générosités à l’ensemble de la communauté, musulmane certainement, humaine, peut-être, mais je ne suis pas assez informé par l’affirmer.

                                                   Par contre, ce qui est le plus intéressant est la seconde partie de la phrase : “ le miséricordieux ”.

 

A tout péché miséricorde.

 

                                                   Un crime peut-être collectif, un homme battu à mort par une bande de malfrats est victime d’un crime collectif, mais chaque participant est responsable et doit être puni ou pardonné.

                                                   Le pardon, la miséricorde est individuelle, c’est une relation bilatérale entre celui qui a été lésé et le coupable.

                                                   Dans la religion musulmane le sentiment de pardon, la réconciliation est une chose très importante, et considérée comme une des deux qualités principales de celui aux nonante neuf noms, l’Unique, Allah, le Bienfaiteur, mais aussi, envers chacun de ses fidèles croyants: le Miséricordieux.

                                                   Un mois par an est consacré au rapprochement de ceux qui ont quelques griefs à apurer entre eux, le mois du Ramadan est le mois de nombreux “ Abrazos ” réconciliateurs.

                                                   Dans la religion judaïque, un jour, celui du grand pardon, le Yom kippour est aussi consacré à la réconciliation et à la libération des captifs en fin de peine.

                                                   Quant aux chrétiens, la fête de Noël, celle ou l’on rappelle que Dieu est amour et ou l’on souhaite la paix aux hommes de bonne volonté est aussi celle du rapprochement, du renouveau, du meilleur départ dans la perspective d’une nouvelle ère de 365 jours, d’un cycle solaire.

 

Minuit chrétien.

 

                                                   C’est en écoutant ce “ Minuit chrétien ”, un grand classique que mon esprit est envahi par des vagues successives de souvenirs de jeunesse, pas de nostalgie, certainement pas, car ces temps, ceux de ma jeunesse n’étaient pas nécessairement meilleurs que le temps présent.

                                                   C’était une succession de périodes incertaines, pleines de craintes pour l’avenir, d’incertitudes quant à mes opinions, mes sentiments, mes jeunes amours; périodes durant lesquelles j’étais taraudé par quantité de complexes et de doutes quant à mon devenir.

                                                    Mais aujourd’hui, alors que la sérénité ou un semblant de sérénité semble me combler ou du moins me calmer, je revois avec joie quantité de visages à jamais disparus parce que retournés là d’où ils étaient venus, définitivement libérés de leurs soucis, soit simplement dilués dans la masse de nos contemporains encore vivants ou vivotant.

                                                    Ce chant est pour moi universel, il ne devrait pas être qualifié de “ chrétien ”, il a été inspiré par la célébration de Noël , mais il est avant tout représentatif de la rédemption, de l’oubli des heurts et malheurs entre tous les humains, il est le temps du pardon, que dis-je, de l’effacement définitif des dures paroles, des actes pas toujours très fair-play, des pensées malhonnêtes, de tout ce qui fait qu’un jour nous en voulons à notre prochain.

                                                     Il célèbre la naissance du fils symbolique de Dieu, et je dis symbolique, car comment un être de “ non-être ” pourrait-il engendrer un fils et ce fils vient sur terre pour “ effacer la tache originelle ” imposée, suivant la tradition reprise dans la Genèse au genre humain par Dieu lui-même.

                                                    Et dans ce chant, on parle aussi de la miséricorde, bref, assez peu logique et convaincant que tout cela même en ayant une très bonne volonté de voir tout ce qui peut-être symbolique dans ces actes, mais enfin, quant on pense ou que l’on fait référence aux religions et aux croyances, on ne peut que trop s’attendre à des contradictions.

                                                    Ce “ Minuit chrétien ”, n’est plus seulement chrétien, s’il est issu de notre culture chrétienne, celle de notre jeunesse, il est des plus approprié six ou sept décennies plus tard alors que nous assistons à l’installation d’un environnement pluri culturel auquel nous ne pourrions pas échapper, il représente l’acceptation totale d’autrui, le partage des idées, le don de soi, la curiosité, la compréhension envers notre voisin quel qu’il soit.

                                                     Je ne parle pas ici de tolérance, je vois bien plus loin.

                                                      La tolérance est empreinte de condescendance, fait abstraction de l’idée égalitaire, il y a toujours lorsque l’on parle de la tolérance des uns envers les autres un sentiment de supérieur à subordonné, la tolérance à un relent, non pas un fumet, mais un relent de colonialisme.

                                                      L’acceptation totale et inconditionnelle des opinions d’autrui va de loin au-delà de l’idée de tolérance, elle implique un sentiment d’égalité.

 

Une nouvelle ère.

 

 

                                                      Ce “minuit ”, est l’ heure du passage, de la résurrection du soleil, d’une nouvelle journée mais aussi d’un nouveau cycle.

                                                       La religion catholique s’est développée dans l’hémisphère Nord et fin décembre est le moment où le soleil, le Râ des Egyptiens, projette ses rayons en direct au plus bas de l’hémisphère sud au niveau du tropique du Capricorne.

                                                       Pour nous, dans l’hémisphère Nord, c’est le jour de la mort du Dieu Soleil, mais aussi le jour de sa résurrection.

 

                                                        Le Soleil est mort... Vive le Soleil ! Qu’il soit roi ou astre !

 

 

                                                         Minuit, ce 24 décembre, lorsque commencera symboliquement cette nouvelle ère, est le moment fugace durant lequel il ne faudra pas penser à la coupe de champagne, à la bûche ou à l’obligatoire contact par G.S.M., mais le bref arrêt de notre cœur, un battement qui rate et qui nous permettra de voir en nous même, de constater que tous ceux qui nous entourent sont identiques à nous même, qu’ils ont tous, l’humanité entière, droit à notre respect, à notre amour.

 

 

A la limite de l’humanisme.

 

 

                                                          Ecoutez ce “ Minuit chrétien ” que vous soyez catholique romain, juif, musulman, laïque, chrétien orthodoxe ou athée, une fraction de second songez à ceux envers qui vous croyez avoir quelque rancune, souvenez-vous d’eux durant cette fraction de temps et espérez qu’avant la prochaine fête de Noël, ils seront tombés dans vos bras dans une réconciliation ou même seulement un bref geste de réconciliation; sans poser de questions, sans ressasser de vieilles histoires, sans essayer de savoir qui avait tort et qui avait raison, en évacuant tout orgueil qui doit laisser place à l’amour et à la joie des retrouvailles.

                                                           Ce 24 décembre 2010 à minuit, j’aurais durant une fraction de seconde cette interrogation, puis j’irai embrasser, comme je le fais traditionnellement ceux qui seront autour de moi.

 

L’amour non personnalisé.

 

                                                           Mais avant tout, j’aurais pensé à tous mes amis, présents et, j’espère, à venir en souhaitant que l’amitié ou peut-être seulement la sympathie qui nous unis durera, se prolongera encore avec la même intensité durant le nouveau cycle solaire qui débute et surtout, en souhaitant que ceux de qui je me suis éloigné suite à quelques ressentiments sans guère de valeur, pour qui je suis la brebis égarée, qui sont pour moi peut-être des enfants prodigues tel celui des évangiles, que tous ceux là seront eux aussi dans un an en parfaite communion avec moi.

 

 

                                                                                   - Dieu est une hypothèse dont j’ai cru

                                                                                      pouvoir me passer.

 

 

                                                                                                 (Du marquis de Laplace à Napoléon)

 

 

                                                           Il ne faut certainement pas espérer apaiser tous les conflits, ceux-ci ont existés de tous temps et existeront probablement toujours.

                                                           Le premier d’entre eux, si l’on en croit la Genèse est celui qui existe d’une part entre les agriculteurs, ceux qui confient la semence végétale à la terre et qui fait confiance au cycle solaire et d’autre part les éleveurs qui eux confient la semence animale à un ventre et fait confiance au cycle lunaire.

                                                            Conflit entre sédentaires régis par la loi du sol, une loi statique et pasteurs régis par la loi des êtres vivants, des gens, une loi plus dynamique.

                                                             La terre opposée au ventre.

                                                                    

                                                              A notre époque, au XXI éme siècle ce conflit est toujours d’actualité, porté, soit par des religions, soit par des groupements ethniques.

 

En guise de conclusion.

 

                                                              Je me permettrai de citer Jean d’Ormesson en page 249 de son livre :“C’est une chose étrange à la fin que le monde “ (-Laffont Paris - 2010 )

 

 

                     “ Ne croyant pas en Dieu, n’espérant aucune récompense, persuadé du néant dans lequel ils entreront à la fin de leur vie, les athées qui auront aimé leurs prochains comme eux-mêmes et plus qu’eux-mêmes ont droit au titre de Saints”.

 

 

 

                                                                                                                                 E.A. Christiane

 

                                                                                                                          Bénisa le 23.12.2010

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2 décembre 2010 4 02 /12 /décembre /2010 08:40

 

 

 

Les fourmis de la colonie

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            Il y a quelques semaines, au cours d’une réunion, un participant en verve à fait le panégyrique des trois piliers qui, à ses yeux, ont supporté le poids du Congo Belge en temps que colonie, l’Administration territoriale, l’enseignement catholique et l’organisation médicale.

           Il n’avait pas tort, ceux qui faisaient partie, qui constituaient ces trois “piliers” ont travaillé durement, dans des conditions parfois précaires, dans un confort souvent moins que relatif, avec un dévouement, des initiatives, un dynamisme qui leur donne droit à toute notre admiration.

            Parfois avec femme et enfants, faire vingt jours de brousse par mois, de gîtes d’étape en gîtes d’étape, isolés, loin de tout, ces membres de l’Administration coloniale, surtout durant leurs premiers termes ont donné plus que ce qui était humainement possible de donner.

           

            Et ce Monsieur, dans un élan lyrique de dire : “Lorsque l’on soulève une branche de palmier, une feuille de bananier, qu’y trouve-t-on ? On y trouve ...”

            Et là très grossièrement, je l’ai interrompu, en disant bien haut pour être entendu de tous “ On y trouve un agronome !!”.

 

 

            J’avais coupé les effets de cet homme enthousiaste, qui voulait mettre en exergue les agents territoriaux, les enseignants et les médecins de brousse.

           Mon idée n’était certainement pas de donner la part belle spécialement aux agronomes, étant moi-même agronome, mais rappeler aux participants qu’il n’y avait pas que les grands corps constitués, tels le service territoriale, les missions catholiques ou le service médical qui avait apporté leur brique à la construction de la Colonie.

            Il y avait aussi les sans grades, les sans noms, des discrets, cette multitude d’isolés qui ne sont pas intervenus ni dans l’administration, ni dans l’enseignement ni dans les soins médicaux mais qui ont crée, qui ont participé à l’élaboration de l’économie de la Colonie au niveau le plus bas, sur le terrain, à proximité des villages, des congolais de la brousse.

            Ces glèbeux, pour reprendre un terme de la bible (Genèse 1.27) sont hélas trop souvent oubliés et cependant ils ne constituaient peut être pas la colonne vertébrale de la Colonie, mais le tissus parenchymateux de ce vaste hinterland.

            Ce sont eux qui étaient sur le terrain, seuls, courageux essayant de survivre mais constituant le lien direct entre les villageois, les paysans africains et l’esprit d’entreprise européen.

            Agents territoriaux, révérends pères des missions catholiques, médecins de la Colonie, agents des grosses sociétés agricoles, financières, de transport ou minières, n’étaient pas isolés, ils faisaient partie d’un système, étaient sous contrat, protégés, formaient un clan au sein duquel ils pouvaient, abstraction faites des jalousies ou des ambitions, trouver aide et réconfort.

 

 

 

 

             

                                                                                               O vous tous qui avez soif,

                                                                                                venez aux eaux.

 

 

                                                                                                                                       Isaïe 55-1

 

            C’est le petit commerçant portugais qui avait construit sa boutique le long d’une route au milieu de nulle part.

Il y sentait le pétrole et le poisson séché et on pouvait y trouver de tout ce qui pouvait ressembler à un début de civilisation occidentale, casserole, sel, wax, calicot, lampe tempête, bouton, fil à coudre, fil à cheveux, machette, chemise et quantité d’autres choses.

            Il vivait dans son magasin et nous voyageurs assoiffés, couverts de poussière de latérite, par 40° C à l’ombre après avoir parcouru 150 kilomètres en pick-up, nous y trouvions un endroit où il était bon de s’arrêter pour y boire une bouteille de bière ou de limonade tiède.

            Vraiment rien de spécial, une Primus tiède, mais quand on a soif...

            Et puis un brin de causette, souvent en lingala car ce Portugais ne connaissais pas nécessairement a langue française, mais enfin, c’était peut-être pour lui la seule possibilité qu’il aurait de la journée de rencontrer un européen.

             Il était, cette boutique était, le “centre commercial” du village avoisinant, c’était là que le villageois pouvait vendre quelques kilos de noix palmistes, un peu de fibres, du rauwolfia et recevoir en échange un peu de nos paillettes de civilisation.

 

 

 

            C’est le prospecteur géomètre qui bien sûr travaille pour une entreprise ou pour le gouvernement, mais qui est seul, sous tente dans la savane, quinze jours durant sans contact autres qu’avec la poignée de travailleurs africains qui le seconde.

            Je les ai côtoyés en 1970, je crois, trois expatriés, six porteurs de théodolites et trois jeeps qui ont cherché de sept heures du matin à six heures du soir, durant deux mois, un moyen de faire sortir une hypothétique ligne de chemin de fer de la cuvette du Kasaï à Port Francqui.

            Ils cherchaient une petite rivière, un semblant de ruisseau, une faille par laquelle le chemin de fer à l’étude aurait pu sortir des rives de cfette tumultueuse rivière pour atteindre le plateau et être prolongé jusqu’à Kinshasa.

            Nous avions hébergés cette légère équipe de Français dans une plantation à 40 kilomètres d’Ilebo.

Ils avaient un travail dur, harassant, Le soir, ils revenais mordus, piqués, affamés, assoiffés, égratignés, ils s’écroulaient sur leur lit de camps et le lendemain matin, ils étaient de nouveau au travail à arpenter les rives du Kasaï.

 

 

            C’est l’homme courageux qui a investi toutes ses économies dans l’achat d’un camion Mercédès en Rhodésie et qui se lance sur les pistes de l’est du Congo et de l’Uélé, en toutes saisons, ruisselant de transpiration sous sa croute de poussière ou luttant pour éviter de s’embourber lorsqu’il pleut.

            Précautionneux avec son seul capital, son véhicule, qui est à la fois sa maison et son bureau, à la recherche de fret chez le petit colon, inquiet du coût de la tonne kilométrique, paniqué à l’idée d’une panne grave qui l’immobiliserait de nombreux jours sur le bord de la route alors qu’il a un contrat de livraison de la marchandise vers le port lacustre ou fluvial le plus proche mais peut être encore distant de trois cents ou quatre cents kilomètres.

            La hantise d’un accident, d’une mauvaise rencontre sur la route ou d’une crise de malaria qui lui serait souvent d’un grand préjudice.

             Il est seul avec ses pensées, ses espoirs et ses tracas.

            Parfois il peut loger, se restaurer prendre un peu de repos et une bonne douche dans une plantation, chez un colon qui est aussi un de ses clients, mais il ne compte plus les nuits qu’il a passé dans la cabine de son véhicule.

 

 

            C’est le cordonnier indien qui a fuit la misère de son village et d’étape en étape a atteint une ville où il est le seul de ses concitoyens et de ses coreligionnaires, il vient ouvrir une boutique, essaye d’avoir une clientèle, se met au travail pour vivre et faire vivre sa famille.

            Seul, sans protection, sans amis, comment trouver la nourriture à laquelle il est habitué, comment accepter que l’on éduque ses enfants dans une école confessionnelle qui n’est pas de sa religion, comment trouver une compagne pour ses fils, un époux pour ses filles dans sa coutume, au sein de sa caste.

            Ces gens courageux avaient problèmes dont nous, qui avons eu la chance de ne pas connaître avons parfois difficile à comprendre.

 

 

 

            C’est la famille de missionnaires non catholiques romains, réformistes, baptistes ou autres qui est venue s’installer en bordure de foret, à la limite de la savane.

             Elle vient pour évangéliser les populations avoisinantes, pleine d’espoir et de foi, elle vit sur le pays, elle vit de son potager, des fruits et des produits du pays et elle est là avec femme et enfants.

            Ici, je voudrais rendre hommage au Révérend, feu Herbert Ernest Gring, un américain qui s’est installé avant la seconde guerre mondiale à Kolékima à la limite des Territoires de Port-Francqui et de Oshwe avec toute sa famille. Un saint -homme.

            Lorsque, voyageur, vous vous arrêtiez dans une de ces petites missions évangélistes, vous étiez toujours très bien, mais simplement reçus.

            Pas de bière, mais un verre d’eau fraiche avec le jus d’une agrume du jardin et encore parfois, une tranche de papaye avec un filet de citron.

            Pauvres, mais généreux.

            Ils étaient aussi très isolés, financés par leur congrégation, ils ne faisaient aucunes dépenses personnelles mais se consacraient à la population locale dans un esprit évangélique.

 

 

            Ce sont des jeunes gens, fils de fermiers wallons ou flamands qui avaient obtenus en concession une colline souvent peuplée de serpents et qui se lançaient, avec bien peu de moyens dans un colonat plein de risques.

            Vivant dans une maison en pisé, pour commencer, ils avaient dégagés un espace pour faire une pépinière et consacraient leur énergie avec un strict minimum de main d’œuvre à défricher ce qui allait être leur plantation.

            Isolés, ils vivaient sur le pays, bananes plantains, patates douces, manioc, légumes locaux, poissons de la rivière, parfois de la viande de chasse ou un poulet étriqué quand c’était possible.

            Leur isolement était souvent atténué par la présence d’une compagne dévouées et bien nécessaire pour les seconder en attendant, après cinq ou six ans, une première récolte qui leur permettrait d’un peu mieux vivre et de surtout de commencer à rembourser les emprunts qu’ils avaient contractés auprès des banques.

 

 

            Ce sont ces pêcheurs ostendais qui partaient en atlantique sud pour plusieurs mois dans le cadre de l’approvisionnement de la capitale Kinshasa en poisson de mer.

             Dur métier que celui de la mer, loin de la famille dans le froid et la promiscuité mais aussi dans un isolement culturel, social et linguistique, seuls devant leurs responsabilités et qui décomptaient les jours avant de rentrer au pays.

 

 

 

             Ce sont ces gens du Nord, ces Danois, ces Norvégiens, ces Suédois, ces Russes qui sont venus tout au début de la colonie pour naviguer sur le fleuve ou sur les rivières à peine découvertes.

             Ils ont abandonné leurs familles, leurs espérances ils ont laissé leur pays, fuis les troubles politiques, espérant une meilleure vie sur un bateau du fleuve.

             Eux aussi étaient seuls de leur culture, ils ont ouvert les voies de ce qui allait être la navigation fluviale, dévorés par les moustiques, sujets aux maladies car bien peu adaptés aux conditions de travail sous l’équateur.

 

           Ce sont ces juifs, fuyant ou miraculeusement échappés à la terreur nazie, qui ont quitté leurs îles méditerranéennes pour rejoindre un petit cousin ou un oncle déjà installé au Shaba ou ailleurs.

             Ils ont dû s’habituer, souvent exploités, on leur a confié les magasins les moins rentables, les plus éloignés, seuls responsables devant leurs parents qui ne leur faisaient guère de cadeaux, qui ne leur pardonnaient vraiment peu de choses.

             Ils ont tenu, ils se sont accrochés et certains d’entre eux ont crée des vrais empires commerciaux.

            Eux aussi ont soufferts dans un certain isolement et leurs souffrances ont contribué au développement de la Colonie.

 

             C’est l’agent sanitaire, perdu dans un dispensaire de brousse et qui voit mourir un enfant ou une femme en couche parce qu’il n’a pas la technicité nécessaire pour sauver leurs vies ou le médicament adéquat pour les guérir à moins que ces malheureux ne soient arrivés trop tard à son dispensaire après avoir vainement essayé de se faire soigner par un tradi-praticien qui, s’il connait les plantes qui guérissent ne maitrise pas nécessairement le dosage qui convient à chaque malade.

              A qui peut-il demander conseil, le médecin de Territoire se trouve peut-être à 100 ou 120 kilomètres du village dans lequel il séjourne.

              Il doit se contenter, les larmes aux yeux d’assister à l’agonie de quelqu’un dont moralement il avait la charge de le garder en vie.

 

 

            C’est le commerçant grec ou pakistanais à bord de son petit bateau, qui de village en village va vendre sa marchandise, petits articles de traite ou caisses de bières, il est seul à gérer son stock, à veiller à sa sécurité, à naviguer de jour et à veiller de nuit dans l’espoir de rentrer à Kisangani ou à Léopoldville sans avaries, sans pertes financières, sans accident, de recharger et de repartir sur le fleuve pour un autre voyage.

 

 

            Tous ces exemples sont ceux de femmes et d’hommes courageux, qui étaient isolés professionnellement, qui ont pris des risques, qui voulaient, si pas faire fortune du moins essayer de survivre, ils étaient isolés, solitaires devant des décisions à prendre, des problèmes à régler, sans amis à qui se confier, sans personne chez qui prendre conseils.

Ils font partie des minorités, ne sont pas nécessairement originaire de l’Europe de l’Ouest, ils sont Russes, Nordiques, Américains, Grecs, Asiatiques ou d’autres part; ils sont loin de leur culture, de leur religion, pas catholiques romains, mais réformistes, shintoïstes, hindouistes ou athées, philosophiquement ils sont religieux, laïques, francs-maçons, libres penseurs ou penseurs libres, un seul lien commun... ils sont seuls ou quasi-seuls.

            Et cependant, ils ont fait leur travail, les fondations, les piliers de la Colonie dont nous parlions plus haut, l’Administration, l’Enseignement, le Service médical auquel nous pouvons ajouter le capital agro-industriel, financiers ou des industries d’extraction, ces fondations disais-je s’asseyaient sur un sol stable, sur cette multitude de sans-grades, d’oubliés, ces téméraires, seuls ou constitués en Petites et Moyennes entreprises qui ont été la base, le fond de l‘économie de notre colonie..

 

 

             De ceux là, on ne parle guère dans les livres d’histoire, ils n’ont jamais leurs noms gravés sur un monument, ils n’ont pas droit à une rubrique ou à une médaille ou autre distinction honorifique.

             Mais ils ont droit de notre part à bien plus que cela, ils ont droit à NOTRE RESPECT.

 

 

 

                                                                                                                                           E.A.Christiane

                                                                                                                                Anderlecht le 30.11.2010

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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13 septembre 2010 1 13 /09 /septembre /2010 09:25

Allons-nous dans le sens de l’histoire ?

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          De par la magie de l’internet, j’ai été, ce dimanche 12 septembre 2010 interpellé par un texte intitulé: “Pauvre Belgique”.

          Comme nous sommes dimanche, jour de repos comme tous les autres jours d‘ailleurs (retraite oblige), je voudrais vous faire part de mes réflexions.

          Il m’aurait été possible d’ ajouter un petit commentaire directement à la suite du texte, mais je n’aime pas trop, je considère que j’ai quelques amis, habitués de mon blog, avec qui je peux échanger des idées sans ouvrir de graves polémiques, palabres voir injures, sans me faire classer idéologiquement ou psychologiquement dans un mauvais casier.

          Ils me connaissent et m’acceptent tel que je suis.

 

          Ainsi que le disait l’auteur de l’article, la Belgique est un état qui a été crée en 1830 pour servir de tampon entre les quatre grandes puissances qui nous entouraient et éviter qu’elles ne recommencent ou continuent à s’étriper.

          Elle a rempli son rôle tant bien que mal à ceci près que par trois fois nos voisins de l’Est ont envahi le maximum de ce qu’ils pouvaient envahir et que finalement, nous fûmes balayés, malgré notre neutralité, comme fétu de paille.

          Fétu d’ailleurs parfois assez amère à digérer par les occupants, une épine dans leur pied qui les a rendu boiteux durant les périodes de conflits, spécialement durant la première guerre mondiale.

          Notre courage (ne soyons pas modestes), notre esprit frondeur, voir notre caractère teigneux n’a guère laissé de loisirs aux envahisseurs.

         

          Et puis les choses changent, une réconciliation entre deux hommes têtus, Charles de Gaulle et Conrad Adenauer, une grande idée développée par de grands diplomates et nous nous retrouvons englobé dans un ensemble dont nous sommes membre primo-fondateurs et qui, en se développant, peut être un peu vite, a changé la répartition des cartes et surtout l’approche de l’avenir de notre vieille Europe.

          Les Etats qui avaient la plénitude de leurs autorité, voient celle-ci s’effriter à petits pas.

Ils se confédèrent, car il faut bien dire le mot, au sein d’un ensemble européen à qui, petit à petit, ils cèdent de leur pouvoir décisionnel, la monnaie, bientôt la défense et la diplomatie, sans compter quantités de règlements auxquelles ils adhèrent dans le domaine économique, sanitaire et autres.

          Parallèlement, à l’autre extrémité de leur organigramme, des forces centrifuges suggèrent, demandent, réclament puis exigent de plus en plus d’autonomie pour des entités locales, ethniques, linguistiques, et bientôt peut-être religieuses ou folkloriques.

          D’abandon d’autorité en abandon d’autorité, les républiques, les royaumes et autres duchés de l’entre deux guerres perdent de leur souveraineté, écartelés, érodés à la fois par la base et par le sommet.

          Nous n’oserions pas dire que les anciennes entités vont se réduire à des coquilles vides, leurs peuples sont fiers d’en faire partie depuis de nombreux siècles et la résistance sera forte, mais il faut bien réaliser que les gouvernements de ces grands pays qui nous entourent ont perdu et perdent encore tous les ans un peu de leur liberté, de leur pouvoir en fait d’autorité.

 

          Il y a 180 ans que l’on a mis la Belgique au monde, pays fragile, composé de deux ethnies bien différentes mais qui, au fil des générations, se sont compénétrées, ont fusionnés, se sont diluées l’une dans l’autre et ont aussi donné de grands hommes, techniciens, chercheurs, politiciens, scientifiques, ingénieurs, diplomates, financiers, économistes, écrivains, peintres, musiciens, philosophes, sculpteurs et autres.

          En bref, si nous n’avons pas toujours eu la possibilité de maintenir les belligérants à distances, dans d’autres domaines, nous avons accompli, au delà de la moyenne, de grandes choses dont nous pouvons être fiers.

         

          Que reste-t-il de notre rôle de pacificateur ?

          Nous avons subi durant dix-huit décennies les invasions militaires de nos voisins qui trouvaient très confortable de prendre notre petit territoire comme champs de manœuvres, de batailles sans trop se préoccuper des dégâts collatéraux.

          Cela nous a permis, du fait des reconstructions successives de moderniser, d’adapter notre tissus industriel.

          Nous avons un outil performant, les grandes puissances européennes et même transatlantiques, les politiques, les militaires ou les commerciaux, choisissent volontiers notre sol pour installer leur siège, si pas social, du moins principal.

          Nous restons, aux yeux du monde des citoyens neutres et cependant plus dynamiques que certains autres pays eux aussi se réclamant de neutralité dans l’area européen.

          Mais notre rôle initial, de tampon, de pare-choc entre grandes puissances s’est estompé, n‘a plus lieu d‘être en ce début du XXIéme siècle et depuis la construction européenne.

         

          Il n’est dès lors pas anormal que ce soit chez nous, nous qui avons été le noyau formateur de l’Europe, via le Benelux, que germe l’idée du futur, de l’avenir, de la future structure de l’ensemble des nations européennes.

          L’Europe des régions est en route, nous avons fait ce qui nous était possible de faire dans le cadre de la mission qui nous était confiée en 1830, il est dès lors normal que nous évoluions.

          Les Etats-Unis d’Amérique ont commencé leur mutation politique à treize régions, treize colonies politiquement distinctes, il y a 225 ans et sont devenus la puissance que nous connaissons.

          La mise au monde de ce géant politique ne s’est pas faites en une décennie, ne s’est pas faites sans douleur, ce fut long et périlleux, ce le sera aussi pour nous, n’en doutons pas.

          Les Etats fondateurs des USA étaient des Etats vierges, constitués d’émigrants qui de toutes manières espéraient mieux vivre que dans le pays qu’ils avaient laissé derrière eux.

Ils avait une langue souvent étrangère mais qu’ ils ont assez facilement accepté.

          Dans notre Europe actuelle, ces deux atouts n’existent pas, la construction en sera d’autant plus difficile.

 

          Belge, je le suis sincèrement et espère le rester, mais il ne faut pas être nostalgique, la Belgique de papa a existé et touche à sa fin ; nous devons être réalistes : les structures et peut-être les noms vont changer, il ne faut certainement pas se lamenter.

          L’avenir est à nous mais assurément pas celui que nous espérions à la fin de la seconde guerre mondiale, décennie de notre jeunesse, de nos espoirs et de nos projets.

          Ce sera probablement dans un cadre européen, dans une structure pluri étatique, plurirégionale dans laquelle chacun aura déposé une part plus ou moins importante de ses capacités décisionnelles.

           Nous , nos enfants et petits enfants, auront la vie difficile; si les clivages économiques et sociaux pourront être relativement facilement réduits, il n’en sera pas de même des frontières linguistiques, traditionnelles ou éventuellement religieuses.

          L’inertie inhérente au genre humain, les habitudes séculaires, la paresse intellectuelle omni présentes devront être vaincues, ce sera difficile.

          Mais quel grand projet, quelle ouverture vers l’avenir ne fut pas périlleuse ?

 

          Gardons espoir.

 

                                                                                                  E.A.Christiane

                                                                                     Anderlecht, le 12.09.2010

 

 

 

 

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2 septembre 2010 4 02 /09 /septembre /2010 17:07

Jean-François Deniau - Mémoires de 7 vies

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            Je viens de terminer la relecture des deux volumes de “Mémoires de 7 vies “ de Jean-François Deniau ( de l’Académie française) édités chez Plon en novembre 1994.

             S’il est une personne qui a eu la chance et les moyens de vivre sept vies (comme un chat) et peut-être plus, c’est bien J.F. Deniau.

 

 

1.- Les temps aventureux

 

 

            Né en France en 1929 dans une famille comptant de nombreux serviteurs dévoués dans la diplomatie, l’armée ou simplement les aventures de la République française, l’auteur a eut une jeunesse riche en observations, en témoignages, en voyages à l’étranger dans des conditions souvent “démocratiques” et parfois précaires qui lui ont permis d’emmagasiner une expérience personnelle exceptionnelle qui lui servira de base au futur de son existence.

            Certainement un surdoué; en plus de son entregent, de son art du contact humain, le droit, l’ethnologie et les langues font partie de son capital à première vue très aisément acquis.

             Il donne l’impression de n’avoir pas perdu son temps de jeunesse à de stériles activités, d’avoir eu une soif de savoir, l’ambition de se diversifier, le besoin d’être un “touche à tout”, spécialiste en rien mais d’une connaissance encyclopédique qui fait de lui un personnage intéressant en n’importe quelle circonstances.

            On pourrait dire un érudit qui en extrême Orient, dans le Pacifique, en Afrique du nord, dans les anciennes colonies françaises d’Afrique, en Russie, en Chine, au Vietnam, aux Etats-Unis, où qu’il aille, de par sa naissance et les contacts familiaux et autres qu’il a pu établir, a eu l’occasion de rencontrer les plus grands politiques, artistes surtout écrivains, militaires, qui ont fait l’actualité de l’époque, et d’échanger des idées avec eux, de les intéresser et d’enrichir son expérience à leurs contacts.

            En 1949, à l’âge de 20 ans, il connait l’expérience de la guerre, baroudeur dans les marais, en pleine guerre d’Indochine, cela ne l’empêche pas de passer à Saigon les examens de sélection pour entrer à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA).

              Il est reçu et devient Enarque dans le cadre de l’Inspection Financière.

 

            On voit qu’il fut un homme “généraliste”, intéressé à tout, allant à la limite de ses capacités, n’ayant verrouillé aucune porte de la connaissance.

            Bref, ce à quoi nous pensons tous les jours, nous les distraits, nous les curieux et que, parfois même, nous approfondissons jusqu’au maximum de nos possibilités cognitives.

            Ce genre de personnes inconnus ou peu s‘en faut, ceux d’entre nous très souvent discrets mais pas toujours, qui ont un esprit insatisfait, qui veulent savoir et qui ne craignent pas de se faire critiquer de par leur légèreté, leur manque de spécialité, sont classé parmi les “touche à tout” sans profondeur, légers et sans réel intérêt.

 

            Ce fut le cas de Jean-François Deniaux qui mieux que moi a écrit son avis sur le sujet en page 37:

 

 

De toute façons, quand on est né rêveur impatient et que l’on a seulement “appris à refuser ce qui ne se fait pas, on n’a "pas vraiment de modèle. Il est fatal de donner l’impression de courir à tous vents.

“Surtout si on aime le vent.

“Avoir eu trop d’activités est mal vu des critiques. Il y a présomption d’amateurisme. C’est dans notre monde une "condamnation et spécialement en France où chacun ne songe qu’à protéger son domaine et à étiqueter les autres. Où "les philosophes ne parlent qu’aux philosophes, les politiques qu’aux politiques, les ingénieurs qu’aux ingénieurs, les "curés, les archéologues, les metteurs en scène, les délégués du personnel enseignant, tous ne parlent qu’entre eux et "pour eux. On oppose amateur à “pro”, qui est un grand compliment. On oublie qu’amateur veut dire “qui aime”. “J’ai "toujours essayé d’accomplir mes tâches très diverses en professionnel qui aime. Mais aussi, grave défaut, je n’ai jamais vraiment essayé de faire ce que je n’aimais pas faire. Le plaisir est impardonnable.”

 

 

            Il collectionne à l’époque les aventures sentimentales desquelles, d’après ses “Mémoires”, il ne semble pas être trop nostalgique.

            Passionné de navigation transocéanique, il profite aussi de son passage en Afrique du nord pour passer son brevet de pilote d‘aviation.

            La rencontre qui l’a le plus marqué, indépendamment des Krouchtchev, Mao, Kiesinger, Malraux et les autres, c’est avec l’ambassadeur André François-Poncet, Ambassadeur de France en Allemagne qui lui donne les premiers conseils, ceux qui ont le plus balisé les devoirs, les droits, la vie d’un diplomate en poste à l’étranger.

 

             André François-Poncet était un homme de grande valeur dont nous avons déjà parlé.

            Souvenez-vous, si vous l’avez lu, dans mon blog (www.e.a.christiane.over-blog.com) dans le chapitre “Intro” sous le titre “La valeur suprême” en page 1:

 

“Je ne peux m’empêcher de citer un passage du livre de Pierre Stephany - Portrait de grandes familles - Éditeur Racine "- 2004 - Chapitre “Les Davignon” - page 62:

 

 

" Lors d’un dîner officiel, en 1938, alors que l’Allemagne venait, dans une provocation de plus, de s’emparer d’un "morceau de la Tchécoslovaquie, l’ambassadeur de France, François-Poncet, doyen du corps diplomatique, fit une “allusion claire à la situation:

 

" Le plus beau laurier, dit-il, sera toujours celui que l'on peut cueillir sans faire pleurer les yeux d'une mère".

"Le Fuhrer ne broncha pas". 

 

            Mais l’ambassadeur J.François-Poncet peut être aussi plein d’humour (page 381) :

“ histoire de faire pouffer ses collaborateurs en pleine cérémonie officielle, il met en circulation son dernier quatrain:

 

Conformément à ma conduite

Sans nuire en rien à ma santé

Je tire encore deux coups de suite

L'un en hiver, lautre en été 

 

2.- Croire et oser

 

 

            Dans le second volume de ses mémoires J.F. Deniau trace la deuxième partie de sa vie, celle consacrée à sa carrière diplomatique durant laquelle il a pu faire profiter la France de son carnet d’adresses particulièrement flatteur dans lequel tout ce qui était grand ou moins grand dans le monde avait sa place, était répertorié et en qui il pouvait faire appel en cas de besoin.

             Il nous narre la manière qui nous semble particulièrement aisée avec laquelle il a pu faire libérer un certain nombre d’otages détenus dans des pays les moins sécurisés de la planète, des négociations politiques dans l’ancienne Yougoslavie puis certains détails de sa fonction de médiateur, malgré son très jeune âge, au sein de la communauté européenne.

              Il finit par y donner sa démission et est nommé par le Président de Gaulle ambassadeur à Nouakchott en Mauritanie.

              Ce fut son premier poste de représentant à l’étranger et il avait seulement 35 ans.

Il a beaucoup aimé ce pays, nous en fait une description étonnante et lyrique (pour un académicien, cela est presque nécessaire).

             Plus tard, il sera en poste à Madrid, durant deux ans et se liera d’amitié avec le roi Juan Carlos qui aime lui aussi la navigation en haute mer.

            Jean-François Deniaux tombe amoureux de l’Espagne et c’est avec regret qu’il quitte son poste anticipativement pour devenir en quelque sorte ambassadeur itinérant de la République Française.

            Il parcourt l’Afrique à la recherche de solutions à des problèmes insolubles.

            Il dira de ce continent : “En Afrique, il n‘y a pas de guerre, il y a seulement des massacres”.

 

            Très impliqué dans les problèmes européens, la Serbie, l’Angleterre seront ses terrains de lutte diplomatique habituels.

             Les Etats-Unis aussi, pays isolationniste traditionnel qui est sorti de ses frontières en 1917 pour y rentrer très rapidement.

             Ce ne fut pas de même en 1941, entrés de plein pieds dans la seconde guerre mondiale, ils y sont toujours.

             On ne conquiert pas toujours un empire, il vous est parfois imposé.

 

             Nommé Ministre du commerce extérieur français, il est de toutes les transactions commerciales importantes et de tous les contacts politiques épineux.

             C’est lui que l’on envoi en reconnaissance, en pré-contact avant les visites officielles, il prépare discrètement les ordres du jour, rencontre Jaruzelski, Deng Xiaoping avec qui il entretient des relations amicales, Kossyguine, l’ambassadeur Rotschild, Moktar ould Daddah, Paul-Henri Spaak, Bourguiba et beaucoup d’autres.

 

             Assez bizarrement il ne semble pas avoir été intéressé par son gouvernement aux problèmes du proche orient, il est vrai que la diplomatie française s’en est peu intéressée, sauf en ce qui concerne le Liban, considérant que cette partie de la planète était plutôt chasse gardée américaine ... quoique... le canal de Suez en 1956 ...

             Il a durant plusieurs décennies occupé une place diplomatique, d’intermédiaire effacé mais combien efficace.

 

 

3.-Impressions personnelles

 

             Ces deux volumes, totalisant 920 pages sont très distrayants, plein d’anecdotes, de petits dessous discrets de la diplomatie de l’après seconde guerre mondiale.

             Il est possible que je me trompe, mais à la lecture de certains chapitres, j’ai parfois eu l’impression de me trouver en terrain connu, d’avoir déjà vécu l’évènement.

             Peut être, et ce serait bien naturel, que l’auteur soit parfois tombé dans la tentation pardonnable de celui qui écrit ses mémoires, il remonte parfois le temps de quelques chapitres en parlant d’une circonstance qu’il développera plusieurs dizaines de pages plus loin.

             Ainsi, il suggère avoir anticipé l’actualité, avoir eu prémonition, avoir eu raison bien avant les autres.

            Mais, cela n’est que pêché véniel, et, Mon Dieu ! on n’a que le plaisir que l’on se donne et s’il faut compter sur autrui pour dire du bien de soi...

 

             Ceux qui ont écrit l’Histoire, avec un “ H “ majuscule, non pas l’anecdote ni l’historiette, mais l’histoire politique souvent, Hélas ! prélude à l’histoire militaire, se sont parfois lourdement trompés en ce sens qu’ils ont pris des décisions qu’ils croyaient appropriées à la situation.

             Décisions qui semblait être les meilleures dans l’actualité du moment, dans le but d’atteindre les objectifs qu’ils s’étaient fixé, mais qui à l’usage, quelques jours, quelques semaines, mois, années, décennies ou siècles plus tard ont générés les pires catastrophes et ont été la cause de bien des malheurs, des souffrances et des morts.

             Nous avons connu cela en Afrique dans les années 1960, au moment des crises politico-militaires les plus dramatiques, des politiciens, des diplomates, des responsables d’entreprises ont été amenés à faire des choix dans des situations pour lesquelles ils n’étaient pas préparés et n’avaient aucune expérience, aucune référence.

             Que peut-on leur reprocher ?

             Un manque de maturité ? Des lacunes dans leur formation ? Une défaillance émotionnelle ? Une absence de vision de l’histoire ? Peut-être !

             Mais qu’il est facile de critiquer à posteriori, sur base des résultats !

             Quelles décisions auraient prises ces critiques de salons feutrés s’ils s’étaient trouvés sur le terrain, devant leurs responsabilités, tiraillés entre leur position juridique envers leur hiérarchie et celle, parfois antagoniste, envers le personnel dont la sécurité dépendait de leur jugement ?

             Ces responsables parfois informels, souvent sans instructions précises, devant des situations imprévues, écartelés entre le capital exigeant et les perspectives entrevues de drames humains parmi les cadres, employés et ouvriers dont ils étaient ou se sentaient responsables, quelle était pour eux, à ce moment, la bonne décision à prendre ?

              Situation cornélienne s’il en est.

              Cas de conscience dramatique pour celui qui en avait l‘intuition.

 

 

             En fin de vie, J.F. Deniaux a accepté de se retirer, de vivre de ses souvenirs sans, semble-t-il, trop de regrets (second volume page 447):

 

“A mon âge, il est possible de faire la liste des pays où on n’ira pas, des amours qu’on ne connaîtra plus, des bonheurs "que l’on ne découvrira jamais au loin, à l’horizon, sous la voile. Jamais. Ce mot n’a pas de sens pour un enfant. Il est “déjà si révoltant d’entendre celui de “plus tard” et il n’y a plus de “plus tard” parce que la nuit est tombée et qu’il faut se "coucher, trop tard les enfants, bonne nuit, “dormez bien, à demain.”

 

 

             Cet homme pour qui agir n’était pas nécessairement réussir mais essayer était un grand sage, un homme hors du commun.

 

             C’est donc par une citation que je vais terminer le présent texte:

 

Jean-François Deniau, dans la seconde partie de ses mémoires, en page 162 nous dit:

 

“ J’ai longtemps cru que la seule philosophie de l’ Histoire avait été exprimée du haut du Golgotha : “Père, pardonnez-"leur; ils ne savent pas ce qu’ils font.”

“C’est plus grave: ils ne veulent pas savoir.”

 

 

 

                                                                                                                                                          E.A.Christiane

                                                                                                                                                Hermanne le 27.08.2010

Jean-François Deniau est décédé le 24.01.2007 à l’âge de 78 ans

 

 

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11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 17:37

Beyrouth - Un chaudron d’enfer

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              Ce mardi 3 août 2010, je viens de terminer la lecture d’un livre historique bien compliqué: “Beyrouth. L’enfer des espions.” de Jean René Belliard (éditions Nouveau monde 2010).

 

             Très optimiste, l’éditeur nous annonce sur la jaquette que “ ... ce document est un témoignage unique et irremplaçable pour ceux qui veulent comprendre les conflits du Moyen-Orient.”

             Il ne faut pas rêver, j’ai lu ce livre de 650 pages assez sérieusement et, sincèrement, je n’ai toujours pas compris.

             Peut-être suis-je particulièrement obtus !

 

 

            Il y a d’abord les religions: chrétiens, maronites, islamistes modérés, sunnites, chiites, alaouites, islamistes non modérés, salafistes, druzes, sectes de toutes sortes et bien sûr: israélites.

 

            Il y a ensuite les pays qui sont plus ou moins impliqués directement et/ou par l’intermédiaire de leurs services secrets: Le Liban, la Syrie, l’Iran, l’Irak, la Jordanie, l’Arabie saoudite, l’Egypte, la France et ses barbouzes, le KGB, la CIA et bien sûr: Israël et le Mossad.

 

            Puis, il y a toutes les factions, les tendances, les partis politiques: Fatah, Fatah-al-intifada, Fatah-al-Islam, force 17, FLA, FLP, FDLP, FDPLP, FPLP, FARL, FPLP-CG, FPLP-OS, Hamas, OLP, ALP, MNA, Hezbollah, et les autres... et les autres... et les autres inclus les nostalgiques de la Haganah et du groupe Stern.

 

            Et puis, il y a les leaders mieux connus: Michel Aoun, Georges Habbache, Samir Geagea, Camille Chamoun, Samir Frangié, Pierre Gemayel, Rafic Hariri, Walid Joublatt, Hafez-el-Hassad, Oussama ben Laden, Abou Daoud, Yasser Arafat et quelques dizaines d’autres qui à un moment de l’histoire ont eu une influence sur le cours des évènements.

 

            Et tout cela se lie, s’allie, s’aime, se sépare, divorce, se hait, se trucide dans un perpétuel mouvement d’union et de séparation dont le rythme donne le tournis.

            Les ennemis irréductibles d’hier se réconcilient aujourd’hui sans état d’âme mais aussi sans avoir évacué leur rancune.

             Un vrai panier aux crabes dans lequel une chatte ne retrouverait pas ses jeunes.

              Et l’auteur, ainsi que son éditeur espéraient que moi, pauvre lecteur je m’y retrouve, que j’y vois clair...

 

 

              On peut cependant dégager quelques lignes maitresses:

 

 

- Forces en présence

 

  

 

            Au centre géographique du problème, l’Etat d’Israël, certainement aujourd’hui la puissance militaire dominante parce que bien équipée, disciplinée et à commandement unique, unifié, assisté d’un service de renseignements efficace.

              Autour d’Israël, les ennemis traditionnels de l’état sioniste.

              Supérieurs militairement s’ils étaient unis, mais individualistes voulant chacun retirer de la situation, le maximum de marrons du feu.

              Ils ont un ciment commun, le saint Coran mais l’Islam a toujours été une religion supportée par des clans, des familles, des tribus et les efforts de certains de ses leaders tels Nasser ou Kadhafi pour unifier, réunir les Etats se sont tous, jusqu’à présent soldés par des échecs.

             Mis à part la Syrie dont les objectifs semblent différents, les voisins immédiats de l’Etat d’Israël ont fait une “paix de facto” avec l’état sioniste.

            Ceux qui sont les plus virulents ne sont pas, comme l’Egypte et la Jordanie, des proches voisins mais ont entre leurs ennemis et eux un autre état tampon, c’est une situation à risques moindre et c’est le cas de l’Iran, et de la Libye.  

             Loin du front les vieux soldats.

  

 

- Syrie - Liban

 

  

 

            S’il est certainement d ns les intentions de la Syrie de récupérer le plateau du Golan et ses sources, il semblerait que son principal objectif est de mettre le Liban sous tutelle.

            Depuis le début de la crise, depuis 1948, le père et le fils el-Hassad se sont appuyés sur les problèmes générés par la présence d’Israël pour, à de nombreuses reprises, tentés, et souvent réussis, à étendre leur pouvoir jusque Beyrouth.

            Malheureusement pour eux, le jeu des alliances et mésalliances dont nous parlions plus haut ne leur laisse guère les mains totalement libres pour faire du Liban une province syrienne.

 

 

- Les pays étrangers

  

 

 

            Ceux qui sont hors de cette région que nous pourrions qualifier de “volcanique”, qu’est le fond Est de la Méditerranée sont aussi partie prenante.

             A l’Assemblé Générale de l’ONU ou dans le cadre de relations plus restreintes ou bilatérales, la main sur le cœur, ils souhaitent la paix, établissent des plans, convoquent des réunions, font de la diplomatie secrète qui finit très rapidement par être exposée sur la voie publique.

            Tout cela semble tellement hypocrite.

            L’aide aux Palestiniens émane le plus souvent des biens pensants qui ont le cœur à gauche.

            Elle flatte aussi les pays dits du tiers monde qui, peu ou prou, s’identifient aux Palestiniens à tort ou à raison.

            Cette aide doit être subtile, confiée à des ONG parallèles aux décisions de gouvernements parce qu’il faut aussi donner raison, sans trop insister, aux Israéliens dont les amis assurent parfois un pourcentage non négligeable des voix lors des élections dans les pays dits démocratiques.

             Sans compter qu’il faut aussi brosser les pays producteurs de pétrole dans le sens du poil.

              Bref, de la haute diplomatie, de la haute acrobatie pourrait-on dire.

 

 

 

- Les Palestiniens

 

  

 

            Un peuple qui cherche une terre pour devenir une nation.

           Voici plus de six décennies que plusieurs millions d’individus errent dans la région, refoulés de partout, à la recherche d’un endroit où poser leur sac.

 

 

            Qui en voudrait ?

            Plusieurs millions d’individus démographiquement actifs constitueraient pour n’importe quel pays un réel danger dans l’immédiat et plus encore dans deux décennies.

 

 

             Leur céder du terrain ?

            Qui accepterait de s’amputer d’une partie de son territoire pour y héberger des voisins aussi turbulents ?

             Le Sinaï conviendrait peut-être, mais cela priverait l’Egypte d’une partie importante, stratégique, de son territoire et en plus, un risque d’un jour ou l’autre de perdre le contrôle du canal de Suez.

 

               Et combien coûterait la mise en valeur de ce semi-désert ?

              Structure administrative, routes, port (à El Arish ?), adduction d’eau et d’abord où trouver de l’eau en suffisance, développement agricole, organisation sanitaire etc.. etc.., Bref créer, construire un pays sur des bases inexistantes actuellement.

 

              Qui accepterait de financer un tel projet et risquerait de nourrir en son sein une pieuvre dont le dynamisme, la capacité guerrière risquerait de déstabiliser encore un peu plus la région ?

 

              La situation actuelle sert d’abcès de fixation aux frustrations anti capitalistes, anti colonialistes, xénophobes parfois et même souvent aux pays du tiers monde tandis que l’intervention humanitaire des pays dits riches ou considérés comme tels leur donne bonne contenance.

              Si la paix revenait au proche Orient, où donc se déchainerait la prochaine tempête ?

 

               

               Il y a 3200 ans, dans la même région, un autre peuple était à la recherche d’une terre pour créer une nation.

              Leur errance, d’après la tradition, aurait duré quarante ans, les Palestiniens errent déjà depuis soixante deux ans et cela ne semble pas terminé.

              Loin de moi l’idée de comparer Yasser Arafat à Moïse ou à Josuah; Arafat n’a jamais, à ma connaissance culbuté les fortifications d’une ville, écarté les flots du lac Amer ni retardé le coucher du soleil.

               Cependant, au risque de m’attire les foudres de certains de mes amis, je ne peux faire l’impasse sur cette facile comparaison de deux peuples, errants en quête de territoire, dans la même région du monde à plus de trois millénaires d’intervalle.

 

 

                                                                                       Hermanne le 04.08.2010

 

                                                                                                E.A.Christiane

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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27 juillet 2010 2 27 /07 /juillet /2010 09:54

 

 

 

 

de Gaulle inspiré par Poniatowski

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          Lorsque l’on fait une relecture d’un livre dont on a pris connaissance il y a plus de 13 ans (lecture terminée le 27.07.1997), on ne peut qu’être frappé par, non seulement les thèmes développés et oubliés, mais aussi par les points d’intérêts qui peuvent avoir changés.

         C’est un peu normal, sur plus d’une décennie l’approche des problèmes, les problèmes eux-mêmes ont changés et ce qui nous paraissait particulièrement interpellant a rétrogradé sur l’échelle de nos interpellations, déjà digéré, absorbé et certainement dépassé et ne nous accroche plus ou en tous cas avec la même intensité.

          C’est ce mardi 20 juillet 2010 que je viens de terminer les “Mémoires” de Michel Poniatowski (aux éditions “ du Rocher” 1997) et, ce fut une fois de plus, un régal.

 

          Cet homme, Poniatowski, est issu, on s’en serait douté, d’une famille de la noblesse, mainte fois politiquement brocardé par Georges Marchais qui ne l’aimait guère et qui l’appelait “ Le Prince” en faisant souvent un rappel de l’ancien régime en France et les droits que les membres s’étaient parfois attribués inclus le droit de cuissage.

          Quoiqu’il en soit, les souvenirs de cet homme entre environ 1935 et 1958, près, de plus en plus près du pouvoir en France m’ont comblé de satisfactions en m’éclairant sur des aspects de la situation politique dans notre continent.

          Après les mémoires de Fred Keller (Trois points c’est tout), de Raymond Aron, et celles de Churchill, Poniatowski avait sa place avant Jean François Deniau et Toynbee pour terminer mes congés, mes vacances de 2010 entre deux séances de radiothérapie.

 

         

          Naturellement, dans cette fourchette d’années très actives en fait d’actualité en Europe et aussi dans le monde, il est difficile de passer à côté de la seconde guerre mondiale et de Charles de Gaulle.

          Volontaire dans le bataillon de choc (lisez services spéciaux) il a été très actif dans les maquis du sud-est de la France, mais cela sont des faits de guerre.

         Je n’ai pas eu le désir de m’y attarder quoique ces héros, remarquablement courageux, luttant majoritairement pour une cause à laquelle ils étaient prêts à sacrifier leur vie ont droit à tout notre respect à toute notre reconnaissance.

          Ce n’est pas l’objet de mon texte de ce jour, cela a déjà été écrit et commenté par d’autres plus qualifiés que moi.

          Par contre, ce qui me semble intéressant et assez peu connu peut-être parce que occulté et certainement pas dans le sens de l‘histoire telle qu‘elle nous a été révélée juste après la seconde guerre mondiale, c’est la concurrence que se faisaient les deux généraux, Giraud et de Gaulle en Afrique du Nord.

          L’un Giraud, tenait le terrain et l’autre de Gaulle avait, depuis l’Angleterre, des vues plus politiques et moins militaires me semble-t-il, d’une autre envergure, sur un autre plan, avec des objectifs différents.

          Pour de Gaulle, le succès militaire était la porte ouverte à une position à un autre succès, politique celui-là.

          Giraud, général controversé, imprégné de discipline militaire, parfois à la limite de la collaboration avec Vichy, ayant beaucoup de prestige auprès de l’armée française du fait de sa double évasion, l’une durant la première guerre mondiale et l’autre en 1942, politiquement moins ambitieux que de Gaulle, voulait surtout acquérir un succès militaire en accord avec sa conscience.

          Cette concurrence était telle, que les jeunes Français, qui trouvaient moyen de se réfugier en Afrique du Nord étaient tiraillés entre deux bureaux de recrutement qui faisaient chacun une propagande active pour engager ces jeunes gens dans leurs rangs.

          Nous ne pouvons que reconnaître la grandeur de Charles de Gaulle, ce fut un grand homme d’Etat, la France lui doit d’avoir été admise dans le cercle des Grands après la guerre malgré sa défaite, mais il n’avait pas que des qualités, on pourrait lui reprocher bien des choses.

          Ambitieux et même, à la limite, narcissique, il avait les moyens de ses ambitions, l’intelligence, le savoir faire militaire, l’esprit ouvert vers la créativité et le sens politique.

          Toutes qualités nécessaires à un homme d’Etat en période de conflit mais qui engendraient leurs propres défauts.

          En ce qui me concerne, (et qui suis-je pour le juger ?) je lui reproche trois positions, une militaire, une politique et une autre plus personnelle.

          Cet oubli de Giraud, un général qui a fait beaucoup pour que le débarquement allié en Afrique du Nord se passe le mieux possible (opération Torch), ainsi que la libération de la Corse, cet oubli, dis-je est une preuve de l’ égoïsme, d’ une exclusivité, d’un orgueil, je dirais presque du narcissisme, d’un homme qui voulait non seulement être le premier, mais aussi le seul héros français à ce niveau de la seconde guerre mondiale.

          Parmi ses généraux, seuls les gaullistes, tels de Hautecloque (Leclerc) et Koenig ont eus droits aux honneurs parce qu’ils avaient acquis leur gloire dans le sillage du grand Charles.

 

 

          La guerre terminée, Poniatowski entre dans le sérail de la politique française et des services de renseignements.

          Il nous livre quelques souvenirs de ce qui est bien peu connu, l’indépendance du Maroc, Moulay Hassan et l’Istiqlal, toutes choses oubliés de notre jeunesse et occultées par la guerre d’Algérie qui, plus sanglante, plus porteuse pour les médias, qui a eu plus d‘impact sur un plus grand nombre de Français, a laissé dans nos mémoires des souvenirs tenaces.

          Celle-ci est suivie, par Poniatowski depuis Paris et les milieux politiques français.

          Mai 1958, dans le cabinet Pflimlin, alors Président du conseil, les péripéties heure par heure, les contacts avec les généraux, Salan, Jouhaux, Massu, Elie et tout le sérail politique de la France de l’époque nous est dévoilé, expliqué, commenté au fil des pages parfois tragiques.

          Le petit ballet de vierges effarouchées de de Gaulle, très étudié, très sophistiqué, qui ne voulait certainement pas donner l’impression qu’il se précipitait sur le pouvoir et ainsi éviter qu’on lui attribue des tentations totalitaires, de coups d’état, de prise de pouvoir par la rue ou par l’armée et enfin les pouvoirs spéciaux qui lui sont attribués lorsqu’il devient ainsi le maitre absolu de son pays et des environs.

 

          En fin stratège, il s’est appuyé sur l’Algérie, les Français d’Algérie, l’armée d’Algérie qui voulaient que cette colonie reste française.

           Il leur a donné un espoir, un très grand espoir qui s’est concrétisé au forum d’Alger, ce 4 juin 1958, par ce que l’on peut appeler une forfaiture, lorsque les bras levés en un V triomphant il a dit “ Je vous ai compris”.

 

 

"Je déclare, qu'à partir d'aujourd'hui, la France considère que, dans toute l'Algérie, il n'y a qu'une seule catégorie d'habitants : il n'y a que des Français à part entière, des Français à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs.»

  

   

 

           Il les avait compris, ces résidents français, ces colons, agriculteurs, commerçants, industriels, petits entrepreneurs, qui avaient misés leurs avoirs, souvent tout ce qu’ils possédaient parfois depuis des générations en faisant confiance aux Algériens mais aussi et surtout à la France qui se trouvait à quelques encablures seulement d’Alger.

          Il avait aussi très bien compris ces militaires qui avaient lutté, enterré des amis, répandu leur sang et même parfois perdu leur honneur dans une guerre d’un autre genre, une guerre de guérilla qu‘ils ne connaissaient pas ou peu et dont ils ont appris la technique à leurs dépend.

          Mais visiblement, le nouveau maître de la République française ne les a ni satisfaits ni même suivis ; les “pieds-noirs”, les régiments étrangers de parachutistes, les bataillons de héros qui se sont battus pour ce qu’ils croyaient être une cause noble, pour la grandeur de la France qui n’était pas nécessairement leur patrie d’origine, ont servi de marche pieds à Charles de Gaulle pour atteindre le pouvoir, puis ont simplement été lâchement lâchés.

           Et que dire de ces dizaines de milliers d’Algériens d’origine, de musulmans qui croyaient en la France et souvent, très souvent à la culture française et à ce qu’elle représentait pour eux qui avaient l’espoir de faire un bond en avant vers un avenir qui leur semblait meilleur, bénéfique pour eux, leur famille et, pourquoi pas, leur pays.

           C’est le second reproche que personnellement je pourrais faire à de Gaulle (mais je le répète qui suis-je pour juger), une forfaiture, un faux, une déclaration ambigüe qu’il n’aurait pas osé développer en public à ce moment.

          Mais il a sauvé la France et assis son personnage dans l’histoire, une fois de plus.

          C’est à ce moment que Poniatowski arrête son récit.

 

          Vous allez certainement me poser la question de savoir quelle était le troisième reproche que personnellement je pourrais faire à de Gaulle ?

 

 

           Le 20 juillet 1944, Adolf Hitler est l’objet d’un attentat au sein même de son propre Etat-major.

          En colère, furieux, écumant de rage, il déclenche une purge radicale au sein de son armée, épargnant la SS mais décapitant sa puissance militaire en la privant de ses meilleurs généraux, de ses meilleurs officiers.

           Ce n’ était certainement pas le moment de poser un acte d‘une telle envergure, acculé comme il était, coincé, compressé entre les armées de Staline à l’Est de celles d’Eisenhower à l’Ouest.

          Sans pitié et sans jugement, l’exécuteur, l’âme du coup de force, Claus von Stauffenberg, un héros, grand invalide de guerre, lourdement médaillé a été exécuté.

 

         

          Le 13 mai 1981, le Pape Jean-Paul II est grièvement atteint d’un projectile tiré par un extrémiste turc islamiste, Ali Agça, il fut sauvé in extrémis et en garda des séquelles pour le reste de sa vie.

          Cependant, le chef de l’église catholique demande aux fidèle chrétiens de

« son frère (A ğca) à qui j'ai sincèrement pardonné".prier pour

          Le Pape, convalescent, a été visiter son agresseur en prison, ils ont parlé longtemps et Ali Agça a reçu le pardon et la bénédiction de sa victime.

 

 

“ Nul homme n’est une île complète en soi même; chaque homme est un morceau de continent, une partie du tout... la mort d’un homme me diminue moi aussi parce que je suis lié à l’espèce humaine. Et par conséquent n’envoie pas demander pour qui sonne le glas: il sonne pour toi.”

 

 

 

                                                                                          E.A.Christiane

                                                                                             21.07.2010

 

 

          Le 24 octobre 1929, à Bruxelles, devant la colonne du Congrès rue Royale, le prince du Piedmont (ou Piémont), prince de la couronne Umberto, fils du roi d’Italie qui était venu visiter sa fiancée, la Princesse Marie-José de Belgique a été l’objet d’un tir de pistolet de la part de Fernando de Rosa.

          Le prince, heureusement ne fut pas blessé mais accorda le pardon à celui qui avait attenté à sa vie.

          Fernando de Rosa fut relaxé en mars 1932 à la demande d’Umberto, sa presque victime.

 

 

          Le 22 aout 1962, au Petit-Clamart, Charles de Gaulle a été l’objet d’une tentative d’assassinat montée par le Lieutenant Colonel Bastien Thiry.

          Sa voiture, une D.S. Citroën a été attaquée au fusil mitrailleur et le Président de Gaulle ainsi que son épouse “Tante Yvonne” ont failli être atteint et y laisser la vie.

          On avait osé, on n’avait pas eu peur de s’attaquer à la personne, à ses propres yeux, sacrée entre tous, la sienne et à celle de son épouse.

          Il n’était pas question d’avoir la moindre compassion, cela méritait la peine maximum possible, la peine capitale alors qu’un pardon, qu’une amnistie ou même simplement une commutation en prison même à vie était au pouvoir de Charles de Gaulle alors Président de la République Française.

          Cela l’aurait certainement élevé moralement dans le cœur de tout humaniste.

          Bastien Thiry a été fusillé et ainsi de Gaulle, dans mon esprit, s’est classé parmi les dictateurs oubliant la magnanimité d’un Pape ou d’un prince.

“ C’est la honte qui rase les murs. Une certaine justice aussi, semble-t-il ...” (Jérôme Gauthier dans “Le Canard enchaîné”.)

 

 

          Et pour revenir aux “Mémoires” de Michel Poniatowski (en page 267), je crois qu’il faut retenir une phrase de Ernest Hemingway dans “Pour qui sonne le glas”, une phrase qui me ramène à un texte que j’ai écrit en avril 2005 “ La valeur suprême”.

 

 
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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 17:24



La naissance d’ Eve
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Besoin d’unicité

    Toute société humaine éprouve un besoin d’avoir un trait d’union, un ciment entre tous ces membres, c’est une nécessité pour la survie de la collectivité.
    Parfois, souvent même, issue d’une même origine géographique, philosophique, voir d’une matrice commune, le choix de ce qui unis ses divers membres est d’une importance certaine et bien difficile, bien périlleux à modifier par la suite.
    Si, et nous en avons déjà parlé, le Dieu ou les dieux, émanation de l’esprit, puissances occultes ou supposées qui régissent la vie de la communauté est primordial, il doit avoir été décidé, choisi, imposé à un certain moment, lors de la création de cette nouvelle société.
    Totémisme, cosmogonique, animiste ou humaine, toute société a besoin de se raccrocher à un tuteur, une colonne vertébrale qui sera l’élément unificateur de la philosophie générale de ses membres et toute modification de ce rail conducteur, toute interprétation divergente risque de créer un schisme.

L’arbre généalogique : solution pratique


            AL- NISÂ

    2 - O hommes ! Craignez votre seigneur qui vous a créé d’un seul
                 être et en a créé sa compagne ...

                        Le Saint Coran

    Remonter le long de son arbre généalogique, y retracer la situation d’un certain nombre de ses branches, justifie une attache imparable entre les individus qui y sont répertoriés.
    Un certain nombre de religions, dans le but d’acquérir une universalité ont  considéré que tous les humains sont issus d’un couple originel ce qui assure la légitimité d’une continuité dans l’humanité, une représentativité au départ qui assure la même unicité dans la finalité, à l’échéance de la vie de chacun.
    Un certain nombre d’ethnies par exemple en Afrique centrale, et je parle ici de ce que crois connaître le mieux, ont, à un certain moment divergés et rattaché leur ancêtre à un animal particulier, ce qui a donné le totémisme et ses nombreuses variantes.
    Cet animal totem émerge dans les traditions par des qualités physiques (léopard, éléphant, crocodile,  etc..), de ruse que nous n’oserions  qualifier d’intellectualité (serpent, buffle,  etc..), ou encore par une certaine philosophie de vie, une certaine sagesse (lémurien, tortue etc..).
    Jamais je n’ai rencontré (mais là, je ne veux pas l’exclure) un totem clanique qui serait un hominien, car, trop près physiquement de l’homme, celui-ci voit en lui un certain concurrent et remarque surtout les différences qui infériorisent nos “cousins”.
    Remarquez qu’ils emploient aisément le mot “cousins” en parlant des singes mais jamais “ancêtres”. 



La graine initiale


    GENESE

    21 - IHVH Elohîms fait tomber une torpeur sur le glébeux.
                   Il sommeille.
                   Il prend une de ses côtes et ferme la chair en dessous.

            22 - IHVH Elohîms bâtit la côte qu’il avait prise au glébeux en femme.
                   Il la fait venir vers le glébeux.

            23 - Le glébeux dit: “ Cette fois, c’est l’os de mes os,
                   c’est la chair de ma chair, à celle-ci il sera crié femme - Isha - :
                   Oui, de l’homme -Ish - celle-ci est prise”.

                                                                      Entête - A.Chouraqui

       
           
           Toutes les religions, puisqu’il faut bien en arriver là, ont tentés d’atteindre l’homme primitif, le premier, celui qui a donné naissance au reste de l’humanité.
    Donner naissance, à moins de parler de parthénogénèse, il est difficile de concevoir que nous, mammifères ne soyons issus d’un seul être fut-il masculin, et rapidement est apparue la notion de couple.
    Lorsque l’on reprend la genèse, on peut s’imaginer, le premier homme que nous appellerons Adam, déambulant dans ce jardin d’Eden, insouciant, cueillant ci et là quelques baies appétissantes, sans crainte, parce que reconnu comme roi de toute créature, éternel, puisque sans possibilité de se reproduire ni de mourir mais voyant autour de lui le jeu de la séduction tant chez les végétaux que chez les animaux qui assurait la reproduction.
    Ceci est naturellement du rayon de la pure imagination, la genèse, qu’elle vienne de la Torah ou de la Bible chrétienne ne peut en aucun cas être prise comme un livre d’histoire écrit par des historiens, mais comme un recueil de croyances, de légendes qui ont éclos dans l‘imagination des hommes et qui ont bien dû passer, à un certain moment de leur réflexion rationnelle au symbolisme sans trouver un pont valable pour supporter cette transition.
    Mais le fait est bien présent, ce symbolisme existe et ne peut être  oblitéré, nous devons en tenir compte et le gardant bien à sa place, un symbole, rien qu’un symbole et certainement pas un fait irréfutable.

Symbole, rien qu’un symbole

    L’Homme, dans tout son symbole, que nous avons appelé aDa, un nom qui nous a été transmis par la tradition, bien représentatif d’ailleurs, les deux “ a “ entourant le magistral DELTA objet agressif, incisif, offensif, objet de pénétration représentant la force et la domination masculine.
    Cet Homme trouve une compagne, que nous avons appelée aVa, un nom qui lui aussi a été transmis par la tradition, tout aussi symbolique, deux “ e “  entourant un V magistral, réceptacle de l’autre “V “ inversé que nous avons appelé DELTA.
    Le réceptacle, la matrice, le tabernacle, le creuset dans lequel va se faire la fusion chromosomique, va apparaitre la gamme des nuances génétiques, richesse de notre patrimoine à la fois diversifié et unifié.
    Le couple est créé, l’homme peut se reproduire et certains ont pu croire qu’à ce moment enfin, cette pulsion sexuelle est née, que la porte d’un autre Eden était ouverte pour le genre humain ce qui est enfin devenu normal.
    Personnellement, je pense qu’il y a beaucoup plus que cela.

Apparition de la Société


    Le fait que l’ Homme n’est plus seul, qu’il a une compagne, l’oeuf, le nid est créé, la famille, qui deviendra le clan, puis la tribut, puis la société humaine a vu le jour.
    L’homme primitif, Adam, n’est plus seul, individualiste, il doit compter avec sa compagne, puis avec ses contemporains, il devient le noyau d’une masse humaine qui pourra par diverses manipulations dont certains deviendront maître devenir des foules aptes à s’unir ou à s’affronter.
    Les unions, les cartels, les alliances, les oppositions, les guerres seront dès lors possibles, le meilleur et le pire seront dès lors possibles.
 
    Nous avons assisté à ce moment à la création de la Société et de son étude :   la sociologie.
    La cellule familiale a vu le jour, les responsabilités aussi, fini l’insouciance du roi de la création gambadant dans la riche savane de l’Eden respecté par tout ce qui existe; l’homme est devenu ce qu’il doit être, il a pris sa place exacte dans la création il doit maintenant prendre ses responsabilités.
    Bien sûr, il peut se reproduire, il peut se multiplier mais il doit aussi mourir, il doit disparaître et laisser la place à ses descendants qui ses diversifient, ils sont frères, puis beaux-frères, puis neveux, puis cousins germains, puis cousins lointains.
    Cela amène des problèmes de succession, de concurrence, de luttes intestines, de jalousie, de règlements de comptes, de révolutions de cours, bref, la notion de pulsion combattive évoquée dans la lutte entre Caïn et Abel.
    La multiplication du nombre d’individus fini par créer un problème d’alimentation sur un site défini, la notion de propriété territoriale, de richesse, de capitalisation, bref l’apparition de la pulsion nutritive.
    Que d’orgueil d’être supérieur à son voisin à son lointain cousin, d’avoir des biens au soleil, de devoir les léguer à ses enfants qui devront être capable de les gérer, on est fier d’eux, de ce qui est issu de soi, c’est l’apparition de la quatrième pulsion, la pulsion parentale.

    Tout cela suite à la naissance de notre compagne, suite à l’apparition de notre grand mère mythique, Eve !

Une remise en question


    Tout le symbolisme de l’humanité, de l’humain est donc à revoir après ce qui pour certains n’était peut-être qu’un détail biblique bien naturel en soi.
    Cet autre aspect de la création, de l’importance de l’apparition des détails de l’univers nous offre, dans le cas de ce qui est humain la réel vérité des choses, car en soi, la naissance de Eve est plus importante que celle d’Adam.
    Ici, je dois rappeler que nous restons dans le domaine de la symbolique, et que les propos émis ne sont nullement historiques, mais cette création de l’imaginaire humain est probablement la chose la plus im
portante de ce qui a été écrit ou dit dans la genèse.
    C’est à partir de l’apparition de la compagne d’Adam que toute la structure social est apparue, là est la vrai création de l’humain, une société organisée sur la base de la famille, initiale, réduite ou élargie, peu importe mais basée sur une collectivité humaine qui voit se créer des obligations, des besoins et doit se chercher des règles pour limiter autant que faire se peut des conflits qui pourraient s’avérer destructeurs.

    Une autre approche des textes sacrés, critiquable certainement, mais qu’importe, le principal est d’avoir la possibilité d’y réfléchir.
     
     
                                                                                               Anderlecht, le 06.06.2010

                                                                                                         E.A.Christiane

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5 mai 2010 3 05 /05 /mai /2010 09:24



Les Ngbandi de la Ngiri - Territoire de Kungu et de Budjala

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Lorsque, planteur isolé de ses contemporains européens, on veut éviter autant que possible de sombrer dans l’ennui, générateur de trop de vices connus, que faire d’autre que de s’intéresser à ce qui nous entoure, à nos collaborateurs congolais pour commencer.
Les présentes notes ont été prises durant de nombreuses années aux contacts de griots, de chefs coutumiers, de missionnaires et de certains de nos travailleurs.
Elles n’ont aucune valeur scientifique et ne sont que le fruit d’un agréable passe-temps, d’un hobby.



Un sympathique présent

            Il y a environ deux semaines, une amie passionnée comme moi de l’histoire des découvertes de l’Afrique Centrale me fit cadeau d’une reproduction du second tome de 
            “Au cœur de l’Afrique” - 1868 - 1874 -

- “Voyages et découvertes dans les régions inexplorées de l’Afrique Centrale par le Docteur Georg August Schweinfurth - publié chez Hachette et Cie en 1875“ -
            Merci encore Marisha.

Qui était Georg August Schweinfurth


            Ce botaniste de formation, mais ayant bien d’autres cordes  (ethnologue, linguiste, géologue, explorateur...) à son arc, né à Riga en Lettonie le 29 décembre 1826 et décédé à Berlin le 19 septembre 1925 a parcouru l’Afrique de 1863 à 1894.
            Parti de Khartoum, au Soudan, il a pénétré dans ce qui est actuellement la Province Orientale de la République du Congo et a parcouru le pays des Niam-Niam, appelés aujourd’hui Zandés et des Mombouttous, appelés aujourd’hui Mangbetu.
            Cela lui a permis, le 19 mars 1870 de découvrir le Wele, Ouele aujourd’hui appelé Uélé, qu’il croyait être une rivière alimentant le lac Tchad.

Les armes des jeunes soudanais

            Mais ce n’est pas la vie de Georg Schweinfurth qui m’interpelle aujourd’hui, c’est, dans son livre, en page 8, des dessins d’armes des hommes de la tribu des Zandé.
            Les couteaux et les sabres de fabrication indigène représentés sur cette planche  sont de même facture que ceux qui sont actuellement traditionnels des Ngbaka et les Ngbandi de la région de Gemena-Libenge.
            Quant aux couteaux de lancer, ce que l’on appelle troumbache, ce sont typiquement des armes habituelles en 1975 encore aux mains des Ngbaka de Gemena, Karawa, Bominenge, Libenge etc..
            Les petits coutelas à manche en forme de deux demi-cônes inversés sont toujours bien d’actualité dans ces régions et la majorité des hommes des villages en portent toujours un sur eux; ils sont tellement commun qu’ils l’ont surnommé mon “bic rouge”.
            Les machettes recourbées dans le sens du plat de la lame, moins courantes se retrouvent dans tout le Nord-Oubangui.
            Quant aux troumbaches, ils sont très répandus chez les Bwaka, beaucoup moins chez les Nbandi de la Ngiri que je connais mieux.
            Ce sont des sortes de serpettes de la même dimension que celles que nous connaissions dans nos campagnes mais qui en plus de la lame principale représentent deux excroissances de quatre à cinq centimètres, prolongement de la lame, effilées, lancéolées et qui font de cette troumbache une arme redoutable.
            Originellement un couteau de lancer, destiné a atteindre les jambes de l’ennemi qui vous attaque, elles sont aussi utilisées comme une arme “de poing”.
           
            Tout jeune planteur, j’ai une nuit été réveillé parce qu’il y avait une bagarre dans le camps des travailleurs “avec un blessé très grave”.
            M’étant levé, m’y suis rendu et devant une maison la foule était agglutinée.
            Je suis entré, la pièce était faiblement éclairée par une lampe tempête, et je distingue sur un lit, un travailleur de la plantation au milieu d’une flaque de sang, avec une vilaine, très vilaine blessure à la partie postérieure de la cuisse droite.
            Je me précipite, lui soulève la tête, il me voit, me regarde, me saisit le bras, ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais il meurt instantanément, exsangue.
            Pour une dette de cinq francs congolais, deux joueurs de cartes se sont querellés, l’un a pris son couteau de lancer et a porté un coup à son copain.
            Le couteau est entré très facilement dans la cuisse et en se retirant a arraché un morceau de muscle qui pendait et aussi sectionné l’artère fémorale.
            Nous étions au début du second trimestre de 1955, je venais d’avoir 21 ans et c’était le premier cadavre que je voyais.
            Depuis lors, j’ai vu beaucoup d’autres accidents de ce genre, mais la blessure était plus normalement située au niveau du triceps gauche qui était régulièrement arraché.         

Flux migratoire Nord-Sud

            Dans les textes que nous avons publié sur notre blog, toutes les ethnies de la région du Haut Congo (Mbango, Mbesa, Ngando, Olombo, Mboso, Wembe, Topfoke, Ngandu...) et jusque la rivière Oubangui, a part peut être les Mongo dont l‘origine est parfois controversée, sont venues de la rive droite du fleuve Congo.
            Sous la poussée démographique, chassés par la sahélisation au niveau du tropique du Cancer, ils se sont mis en marche et sont arrivés dans la partie Nord de l’actuelle République du Congo.
            Ils sont ainsi appelés les “jeunes soudanais”.

            Durant leur migration, dans le Darfour, au Soudan, puis dans la partie Est de la République Centre Africaine, ils avaient suivi la savane parallèlement aux rivières qui coulaient quasiment toutes suivant un axe Sud-Nord, dans la prolongation du graben et de la vallée du Nil.
            A partir du moment où ils ont rencontrés le sillon Bomu-Kibali, Uélé, Oubangui, les rivières coulaient, du moins dans la plus grande partie de leur cours, d’Est en Ouest, puis du Nord-est vers le Sud-ouest, il fallait donc, si on désirait continuer vers le Sud, soit les traverser, ce qui était impératif en arrivant au fleuve Congo, soit suivre la savane puis la forêt entre deux rivières pour arriver finalement au fleuve Congo.

Uélé - Flux migratoire Est-Ouest

            Quoi de plus normal dès lors que certaines ethnies aient suivi les rivières en direction générale de l’Ouest ?
            C’est ainsi, que les Bwaka, puis les Ngbandi ont suivi, dans leur migration, l’Uélé, puis l’Oubangui.
            Remarquez que cela ne s’est pas fait d’une manière aussi régulière ni aussi pacifique, il y a eu des rencontres indésirables, des conflits, des retours en arrière etc.., Mais la progression générale s’est faite dans le sens de peuplement vers des endroits de plus faible densité de populations ou de populations moins organisées pour résister aux envahisseurs.
            Dans l’Oubangui, nous trouvons actuellement une majorité de Bwaka, entre autre dans les territoires de Gemena, de Libenge et de Bosobolo, mais nous y trouvons aussi quantité de villages Mbanza, qui seraient installés antérieurement à l’arrivée des Bwaka mais qui les auraient acceptés, l’invasion se serait donc faite d’une manière relativement pacifique.
            Pour en revenir aux Ngbandi, une partie de ceux-ci se seraient fixés dans la courbe de l’Oubangui, lorsque celui-ci s’incurve nettement vers le Sud, dans le Territoire de Yakoma, ils auraient constitués ce que l’on appelle les Ngbandi ya Likolo, ceux du haut dont le Président Mobutu est le plus célèbre de ses représentants.
            Une autre partie aurait continué, descendant l’Oubangui et se fixant à la limite des marais de la Ngiri, dans les actuels Territoires de Kungu et Budjala. 

Les marais de la Ngiri

            Etrange endroit que ces marais de la Ngiri, en pleine cuvette congolaise, mais dans la partie Nord Ouest, ils font donc géologiquement partie de la couche dite de la Busira, dernière couche alluviale datant du quaternaire et correspondant à ce qui fut le dernier lac de la Cuvette centrale, juste avant la vidange par la faille du Bas-Congo.
            Cette couche de la Busira s’étend d’un seul tenant mais de forme irrégulière approximativement du second degré latitude Nord au troisième degré trente minutes latitude Sud et du seizième au vingt-quatrième degré longitude Est.
            Son centre géographique décalé vers l’Ouest et aux environs de Coquilathville (actuellement Mbandaka), situé exactement sur l’Equateur.
            Les marais de la Ngiri commencent juste au bord nord-ouest de cette couche de la Busira, et s’appuie sur le bourrelet Nord de la dite couche sur ce que l’on appelle en Géologie la couche du Lualaba-Lubilash.
            Limite de la cuvette congolaise, la couche dite du Lualaba Lubilash est stable, composée de terre superficielle de type Kalahari quoique elle-même issue d’un ancien lac.

Les habitants

            La Ngiri, terre ancestrale des Ngbandi, dit aussi Mogwandi, Ngbwandi ou BaNgbwandi est donc située à la fois en territoire de Kungu et en Territoire de Budjala et offre l’avantage de mettre à la disposition de ses occupants un sol riche convenant à la culture d’aliments à base d’hydrates de carbone et un marais très vivant permettant la pèche, et aussi la chasse promettant des protéines en grande  quantité (crocodiles, poissons, serpents, buffles, éléphants, antilopes etc..).
            Un seul problème, mais il est sérieux, ces gens, les Ngbandi de la Ngiri, souffrent plus que normalement d’un manque d’iode, pas ou peu de contacts avec des commerçants, vivant sur le pays, ils ont des problèmes de sel, et spécialement de sel marin et des idiots (Agagigi dans la langue Ngbandi), microcéphales existent dans presque tous les villages.
            Aussi, il est du devoir d’un chef de plantation de veiller à ce que l’approvisionnement des magasins de traite en sel se fasse avec du sel marin, venant souvent des salines de Namibie, afin de pallier à ce manque d’iode.
            Du point de vue économique, elle profite de la rivière Mongala, de la route de Gemena vers Libenge et Mbangi mais s’il y a de nombreux colons, de nombreuses petites exploitations agricoles, de nombreuses missions, mais en fait de grandes plantations, en Territoire de Budjala, nous n’avons qu’une plantation importante d’hévéas du groupe Lever (situation de 1980) bien organisée et qui a vu naître Pierre Kroll, dessinateur humoriste bien connu.

La rivière Ngiri
 
            La rivière Ngiri prend sa source dans ces marais dans les environs de Kungu où elle porte le nom de Lua-Ngiri, elle traverse cette région marécageuse sur environ 350 à 380 kilomètres sans que son cours ne soit stable, formant tantôt des iles, s’étendant en d’innombrables bras éphémères, créant des lacs viables quelques années, elle est l’axe de drainage de cette immense région ayant plus ou moins la forme d’un triangle dont la base (au Nord) aurait 300 kilomètres et le hauteur 375 kilomètres, soit certainement 55.000 kilomètres carrés.
            Elle se jette dans l’Oubangui aux alentours de  zéro degré  et 25 minutes Nord.
            Une partie de ces marais dont nous ne tiendrons pas compte se prolonge très loin à l’Ouest en territoire  de la République du Congo Brazzaville.
            En théorie, il y a moyen de passer, en prospectant les très nombreux chenaux de cette région, de la région de Nouvelle-Anvers (actuellement Makanza) sur le fleuve Congo à la rivière Oubangui, dans la région de Dongo sans faire le long détour par la pointe Sud en aval de Coquilathville , l’explorateur George Grenfell, missionnaire de la Baptist Missionnary Society décédé en 1884 et enterré à Basoko l’aurait fait, mais ce passage est très aléatoire et ne saurait actuellement être défini comme certain qu’après une reconnaissance aérienne.
           
Le territoire des Ngbandi

            Les Ngbandi n’occupent pas tout ce territoire, loin de là, on les trouvent à l’Ouest de la Mongala au Sud de la route Akula (sur la rivière Mongala), Budjala, Kungu, Djambi et Dongo, sur l’Oubangui.
            La limite Ouest serait l’Oubangui, quoique la partie entre la Lua-Ngiri et l’Oubangui soit très peu peuplée, tandis que la limite sud de leur occupation est assez floue étant donné que nous avons peu de points de repère et quasiment pas de population; il n’est pas assuré qu’ils dépassent la limite du Territoire de Budjala au Nord de Mobeka et jusqu’a la Ngiri.
            Je ne peux cependant être certain de mes affirmations quant à l’occupation de cette région particulièrement austère, peu accessible et très inhospitalière.

Une grande différence

            J’ai travaillé avec les Ngbandi de 1955 à 1958 puis de 1979 à 1991, et j’ai eu de très bons contacts avec eux.
            J’ai aussi travaillé avec des Bwaka de 1955 à 1960, puis de 1973 à 1980.
            Ces deux ethnies, nous l’avons dit sont classées parmi les jeunes soudanais,  un même origine ethnique mais une très grande différence de constitution.
            Les Bwaka sont des travailleurs courageux, bien constitués, d’un caractère entier, une énergie et une résistance à toute épreuve, de complexité très foncée, tatoués, près du terroir, naturels, souriants, spontanés et heureux de vivre.
            Les Ngbandi sont différents, plus minces, élancés, le nez fin, l’arc des sourcils régulier, de longues mains, clairs de peau, leurs filles sont très jolies.
            C’est une chose qui frappe et qui questionne, comment deux ethnies proches, peuvent-elles être aussi différentes?
 
Légende ou énigme ?

            C’est une question qui se pose lorsque l’on travaille avec les deux ethnies et, évidement, je me la suis posée, en 1957 d’abord, puis en 1980 ensuite.
           
            Et j’ai questionné: “ Pourquoi avez-vous la peau si claire ?
            Les Ngbandi ya Likolo (ceux de Yakoma) ainsi que les Bwaka habitent des contrées de grand passage entre le moyen et le Haut Congo et le Moyen Oubangui (République Centre-Africaine - et sa capitale Bangi), tandis que les Ngbandi de la Ngiri sont protégés  et l’ont toujours été, relativement, des chasseurs d’esclaves par exemple.
            Entre terre et eau, ils avaient une nourriture équilibrée, nous l’avons vu, c’est un avantage mais aussi, en cas de danger, ils pouvaient  se réfugier, en pirogue dans ces marais inextricables dont ils connaissaient les passages discrets et éviter leurs ennemis.
            Les possibilités de métissage étaient donc plus limitées et cependant, ils sont nettement plus clairs de peau que les ethnies avoisinantes.
            A vingt ans d’intervalle, j’ai reçu la même réponse:
“Ils sont venus du ciel ! “

            Ah ! Et qui donc ?
“Des blancs et sont restés chez nous longtemps, jusqu’à leur mort”.
            Le fait qu’ils aient pu venir du ciel ne m’impressionnait guère, si la terre peut être domestiquée pour nous nourrir ou recevoir notre dépouille en remerciement, le ciel, l’eau et le feu, (air-eau-feu) sont trois éléments dont on n’est pas maitre et peuvent donc être générateurs de phénomènes inexplicables.
            Souvenez-vous, les mulelistes prétendaient qu’ils recevaient des armes et des munitions des eaux du lac Tanganyika, ce en quoi ils n’avaient pas nécessairement tort lorsque l’on suppose que certaines ambassades asiatiques de Bujumbura étaient peut-être des fournisseurs potentiels.
            Mais quand même, l’apparition brusque de blancs, dans  une ethnie saine et particulièrement protégée  avait de quoi m’interpeller.

            Mais ce qui va suivre est plus étrange encore.
“ Ensuite, quelques années plus tard, ils sont revenus pour racheter les enfants qu’avaient engendrés ceux qui étaient restés chez nous”.
“Nous n’avons pas voulu et nous nous sommes battus, nous les avons chassé et ils sont partis avec (ou sans)  leurs cadeaux qu’ils avaient destinés au rachat de leurs enfants”.

            Ma réaction fut claire et me semblait logique, je leur ai dit que je pensais qu’il y avait eu un visiteur à peau blanche, un homme qui aurait eu beaucoup de succès vu la tendance à l’exogamie de la population Ngbandi et qui aurait laissé des traces de son passage dans la génétique du groupe.
“ Non ! Me fut-il répondu ceux qu’ils ont laissé étaient des femmes ! ! “
“Elles ont fait des enfants avec nos ancêtres hommes”.
            Alors là, j’en suis resté pantois.
            Que pouvais-je répondre ?

            J’ai demandé quand cela s’était passé. Et après moult calculs, souvenances et cogitations, il m’a été dit, en 1957 que 7 générations avant celle-ci il y avait des gens qui les avaient vu dans leurs villages.
            Vingt ans après, le même calcul m’indiquait 8 générations.
            Cela situerait le phénomène entre 1750 et 1800 suivant l’âge des “importées” à l’époque où on les avait vues.

            Nous nous trouvions dans une période où des pirates sévissaient en Méditerranée ou il n’était pas rare que des captives de race blanche tombaient dans leurs filets, les plus belles, les Caucasiennes étaient vendues pour les harems orientaux, que faisait-on des autres.
            Une tentative d’élevage en ayant choisi les mâles parmi une peuplade saine, bien nourrie et à l’abri des prédateurs négriers ?
            Peut-être mais cela n’est qu’une supposition.

            Quoi qu’il en soit, une légende existe, une explication disons “traditionnelle” subsiste, est-elle fondée, c’est-il passé quelques évènements qui nous échappent, très certainement, mais lesquels ?
            Encore une énigme de l’Afrique mystérieuse.


                                                                   Rédigé à Anderlecht le 04.05.2010


                                                                                   E.A. Christiane




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12 avril 2010 1 12 /04 /avril /2010 21:35

 

Les Ngandu - Territoire de Yahuma

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Origines du nom

 

            Plusieurs interprétations ont été données à leur nom; certains pensent qu’ils sont descendants de l’ancêtre Ngandu qui était forgeron, d’autres émettent l’hypothèse que leur nom vient de l’habitude qu’ils ont d’extraire de l’huile de palme par pression, sans cuisson.

            Ce procédé s’appelle ngandu, mais il est possible que ce nom ngandu vient justement du fait que ce sont les Ngandu qui extraient de l’huile par ce procédé.

            Enfin, certains pensent que BaNgandu veut seulement dire “gens de terre” (BaNtu ya mokili) par opposition aux riverains (BaNtu ya mai).

 

Origines des migrations

 

            Les Ngandu seraient originaires de la région située entre la rivière Aruwimi (anciennement Lohale) et le fleuve Congo (anciennement Ntandu); ils auraient traversé le fleuve sous la pression démographique des MaBangu, eux même poussés par les BoBwa (actuellement en Territoire de Ndingila).


             Les gens d’eau les aidèrent à passer le fleuve Congo dans l’ordre probable suivant:

1.-        Les Mbuma

2.-        Les BoKala

3.-        Les BoNgemba

4.-        Les LoSaïla

5.-        Les BoSombo

6.-        Les Yembu

7.-        Les BoSoku

 

            Ils ne durent rencontrer aucune opposition de la part des Pygmées et pygmoïdes (entre autre BoFoto) qu’ils trouvèrent sur l’autre rive, de l’autre côté du fleuve et avec lesquels s’est crée une sorte de symbiose, des relations de clientélisme.

            Actuellement (1962), on trouve encore quelques uns de ces pygmoïdes, petits hommes plutôt bruns à insertion capillaire en touffes; entre autre dans un village à la limite des MoNgandu et des MoMbesa, appelé Loalo-Yalonde.

            Poursuivant leurs migrations Nord-Sud, les Ngandu arrivèrent à la Lopori où ils rencontrèrent les Mongo et durent s’arrêter, ils incurvèrent alors leur axe de migration vers le Nord-Ouest.

            La rencontre des Ngandu avec les Mongo a mis un point final à la poussée des premiers vers le Sud.

            Les Mongo, venant du Sud et envahissant eux aussi la cuvette centrale étaient déjà passablement organisés au moment de leur rencontre avec les Ngandu et ceux-ci, ainsi que d’autres peuplades en mouvement à la même époque ont subi une sorte de vassalisation de la part des Mongo.

            Ils constituèrent les vassaux du royaume Mongo, appelé aussi “Royaume du centre” dont les diverses peuplades auraient été ralliées par les héros légendaires EANZA YA SONGO.

 

            Quelles sont les ethnies rencontrées par les Ngandu dans leur migration ? ==========================================================

 

a.- Les BoFoto : Etaient les occupants de la région au moment des migrations

                             Ngandu, mais n’opposèrent pas de résistance à l’envahisseur.

            Les BoFoto sont des pygmoïdes à rattacher au groupe des BaMbenga de l’Ubangi, ils sont actuellement (en 1962) répandus en petits îlots isolés parmi les Ngombe de Lisala et les Ngandu; nous en trouvons aussi dans la chefferie des YaNongo et parmi les BaSankusu et les Mongo; autant de familles isolées.

            Ce ne sont pas des Pygmées proprement dits, mais une forme de pygmoïde (Pygmées secondaires) obtenue par métissage avec d’autres peuples négroïdes ayant traversé la forêt ou s’y étant attardé.

            On assiste dès lors à la création d’une “race de la forêt vierge”.

            Les relations existantes entre cette race nomade et les autres races sédentaires sont généralement de type commercial; une entente entre deux familles, l’une, celle de la race de la forêt, fournit à l’autre la viande de chasse, l’autre, celle des sédentaires fournit aux gens de la forêt les produits de ses champs ou des produits de la pêche.

            Comme nous l’avons déjà dit, les Pygmées sont les premiers occupants connus de nous dans la cuvette centrale; ce sont aussi de très anciens occupants du continent africain; on a retrouvé des squelettes de Pygmées dans des tombeaux égyptiens de l’époque pharaonique.

            Les premiers explorateurs de l’océan Pacifique trouvèrent une population de Pygmées appelés Négritos qui a été soumise par les Malais et pratiquement absorbée, digérée, anéantie par la civilisation moderne.

            Les dénominations “Négrilles“, “Négritos” ont été remplacées par “Pygmées”, “Pygmoïdes”, “Bambuti” ou “Bambutides”.

            Le type physique de ces Pygmées est remarquablement adapté au milieu forestier; petits (1,5 m à 1,6 m), bruns et leur insertion capillaire en touffes; ces caractéristiques physiques freinent l’absorption de cette race par les autres, mais n’empêche pas le métissage.

            Les peuples sédentaires, clients des Pygmées, et spécialement les Mongo, les considèrent comme une race inférieure, souvent même appelés “esclaves”, mais les relations sont plutôt des relations de complémentarités économiques, alimentaires.

 

b.- Les BaNkutu-BoYela : Eux-mêmes se nomment BaNkutu, mais ils sont appelés                     

                                            BoYela par les Ngandu et les BoSaka.

            Ils sont parfois appelés BaNkutu de l’Est, mais on peut considérer que le nom de BoYela est opposé à celui de BoKela.

 Les BaNkutu auraient traversés le fleuve dans les environs de Bumba et se seraient installés dans le bassin de la rivière Tshuapa.

            Mais ils durent s’enfuir vers le Sud, au delà de la rivière Tshuapa vers les années 1750 - 1775 sous la poussée de Ngandu et des BoSaka, puis furent refoulés vers le Nord par le reflux des BaKamba (Katako-Kombe).

            Ils se disent descendants de l’ancêtre Eanza ya Songo.

 

c.- Les BaNkutu-Akela : Appelés aussi BaNkutu de l’Ouest pour les distinguer des

                                         BoYela, mais le nom de BaKela leur aurait été donné par les arabisés et les BaTetela, ils seraient foncièrement des gens de forêt.

            Les BaTetela (de Katako-Kombe) sortent du cadre que nous nous sommes fixés, ils seraient les descendants actuels des troupes de Ngongo Lutete, Ngongo l’errant, ancien esclave de Tippo-tip qui s’est arabisé et est lui-même devenu esclavagiste avant de se mettre à la disposition de l’Etat Indépendant du Congo et d’être dramatiquement exécuté à Ngandu en 1884.

 

d.- Les BaNkutu-Ntomba : Sont descendants de l’ancêtre Ntomba.

                                             Occupaient originellement la région de la rivière Lomela, mais ont dû émigrer d’Est en Ouest sous la pression des Ngandu.

            Au Nord, ils sont séparés des les YaMongo des Ntomba; au Sud, ils ont pénétrés entre les groupements Ntomba.

 

e.- Les Nkole : Etaient installés dans la région de Dzolu, puis ont été complètement

                         isolés et assujettis par les Ngandu; chassés de Yahuma et de Dzolu, ils refoulèrent les BoMongo vers l’Ouest, les Songo-Muindi vers le Sud et le Sud-Ouest.

            Ils sont actuellement dans les régions de Bondanga et de Befale.

 

f.- Les Bosaka : Ils s’appelèrent BoSaka, mais Lovembe est le nom que leur ont donné

                          les Ilombo; BoKwala est le nom que leur ont donné les BoYela, ils signifie “vassaux”; Nsongo, Nkundo, Lovembe sont d’autres appellations.

            Il semblerait que nous nous trouvons ici en présence d’une ethnie qui s’est trouvée à un carrefour de grandes migrations et qui fut ballottée de part et d’autre, appelée d’une manière par les uns et d’une autre manière par les autres; tantôt réduite en esclavage, tantôt assujettissant les envahisseurs.

            Il parait cependant à peu près certain qu’ils furent à un moment donné les vassaux des BoYela.

            Ils eurent un Dieu appelé Mbombianda ou Bonina ou Ndkhomba Yonina.

            Ils seraient descendants de l’ancêtre Ilonda et auraient traversé le fleuve entre Bumba et Kisangani pour venir s’installer dans le bassin de la haute Lopori, puis de la Maringa-Lopori.

            Repousés par les Ngandu vers le Sud, ils refoulèrent les BaNkutu (Boyela) au-delà de la rivière Tshuapa, ils ont gardé ces terres jusqu’à présent (1962).

            Ils s’étendent au Sud de la rivière Maringa jusqu’à la rivière Tshuapa depuis un point situé un peu en amont de Boende jusque près de la Mondombe puis au Sud de la Tshuapa.

            Leur dialecte a subi l’influence des ethnies voisines avec lesquelles ils ont été en contact depuis plusieurs siècles, les Ngandu et les BaNkutu-Boyela.

 

            Ainsi que nous l’avons déjà dit, ils sont issus de l’ancêtre Ilonda, lui-même serait descendant d’Eanza ya Songo, probablement ancêtre mythique.

            L’ancêtre Ilonda eut trois descendants

 

ILONDA         - Nkombe        Chefferies - Nkombe   - Lolingo - Ngelewa

                                                                 - Bolanda  - Ekula

                        - Oyela            Chefferies - Muindji    - Okuli - Mudji

                                                                - Yafe         - Nkole  - Mbelo

                        - Ongonde       Chefferies - Lofoma

 

g.- Les Muindj : Appelés aussi Nsongo, ils auraient traversé le fleuve Congo puis la

                           Lopori pour s’engager vers le Sud et le Sud-Ouest dans la région de Befale.

            Ils auraient refoulé vers l’Ouest les BoMongo et les Nkundu; vers le Sud, les Ekota et les BoSaka.

            Ils seraient descendants des BoNombolo et des Intele.

 

Sous-tribus actuelles:             Nsongo I         Ancêtre Elese

                                               Nsongo II        Ancêtre Liongo

                                               Loanga           Ancêtre Intele

                                               Bolenge           Ancêtre Singa

                                               Bolondo          Ancêtre Tshotsho

                                               Ntemboolo      Ancêtre Loolo (enfant de Intele I

                                                                                                    second mari de Mundji)

 

h.- Les Nkutshu-Akamba : Etaient fixés dans la région de Katako-Kombe et de

                                             Lubefu, à la fin du XIX éme siècle, ils furent attaqués par les BaTetela qui les refluèrent vers le Nord, aux environs des sources de la Tshuapa et de la haute Lomela.

 

i.- Les Yasayama : Sont parfois considérés comme Pseudu-BaNgandu, ou BaNgandu

                               du Sud, ils sont en Territoire d’Ikela.

            Ils seraient peut-être des BoYela Monganduïsés qui auraient été absorbés par les groupements Ngandu voisins.

             Ils seraient issus des l’ancêtre Otokili qui portait le même nom que le Dieu principal, cet ancêtre pourrait donc être mythologique.

            Cependant, leur histoire est empreinte de l’influence d’un guerrier assez remuant, Longondo Ayo.

 

Cette ethnie compte cinq tribus:         - Les Moma     - Ancêtre Moma

                                                           - Les YaForo   - Ancêtre Foro

                                                           - Les Boanga  - Ancêtre Boanga

                                                           - Les Yoye       - Ancêtre Yoye

                                                           - Les Bongi     - Ancêtre Bongi

 

            Au Nord des Bongi, existe une chefferie Ngandu constituant une sixième chefferie: la chefferie YaSayama; elle fut fondée par Longodo Ayo, magicien de guerre d’origine Ngandu appelé par les Bongi pour vaincre les YaForo dans le bassin des rivières Luo et Maringa.

            Puis vint une querelle entre Bongo et Moma au sujet d’une femme, Bongi resta entre les rivières Mokombe et Lofome, tandis que Longondo Ayo s’installa au Sud de la rivière Tshuapa (selon van.der Kercken).       

 

j.- Les Makalandja : En Territoire d’Ikela, se trouvent entre les Ngandu et les Mbole;

                                   malgré que leur dialecte soit assez différent, on les considère comme des Pseudo-BaNgandu.

 

k.- Les Mongo : Furent refoulés vers l’Ouest par les Ngandu, les Ntomba et les

                          Mundji, puis plus tard par les Ngombe.

            Ils refoulèrent eux-même les Nkundo vers le Sud.

 

            A partir de 1700, les Mbesa, puis les Topfoke, puis les YaNongo, puis les Molielie commencèrent à passer le fleuve Congo et s’insérer comme un coin en territoire MoNgandu.

            Ils repoussèrent ceux-ci vers l’Ouest, le Sud et le Sud-Est.

 

         Répartition clanique des Ngandu.

          =========================

 

1.- BaNGANDU PROPREMENT DITS:

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            Encore appelés BaNgandu Mbolo

            Ils croient en un dieu appelé “Mongo”.

            Ce sont eux qui nous intéressent particulièrement, ils occupent les abords de la plantation du groupe Lever de Mosité en Territoire de Yahuma.

 

1.1.-     Chefferie BoLombo-BoSoku : sur la route de Koret, ces deux clans ont été

                                                            réunis en une seule chefferie.

 

1.2.-     Chefferie BoLombo-Bokote: entre Mosité et Yahuma, ces deux clans ont été

                                                          réunis en une seule chefferie.

 

1.3.-     Chefferie Yembu : se trouve sur la rive gauche de la rivière Loleka.

 

1.4.-     Chefferie BoNgemba: est limitée par la chefferie BoLesa et la chefferie

                                                BoKala, elle s’étend jusqu’à Yahuma.

            Il est probable que, anciennement, la chefferie BoNgemba s’étendait jusqu’au fleuve Congo, mais les Ngandu durent se retirer sous la poussée des Nongo et des Lielie.

 

1.5.-     Chefferie BoLesa: inclut le secteur des plantations Mosite et tout le terrain à

                                          l’Est du secteur des plantations de Ngungu-Irumu.

            A citer particulièrement le clan BoHema qui se trouve de l’autre côté de la rivière Loleka (rive droite) et qui constitue une enclave en Territoire d’Isangi.

            Géographiquement, en effet, la rivière Loleka constitue une limite entre le Territoire de Yahuma et le Territoire d’Isangi.

            Cependant, du point de vue ethnique, les BoHema sont à rattacher à la chefferie BoLesa et administrativement au Territoire de Yahuma.

            Cette chefferie BoLesa semble avoir fortement subi l’influence de ses voisins Topfoke (outre Loleka), les habitants seraient peut-être même des Pseudo-BaNgandu, car leur langage et certaines de leurs coutumes les rattachent plutôt aux Topfoke.

 

1.6.- Chefferie Bokala : Est voisine des secteurs de plantations de Lukumete et

                                      Ngungu; 1264 hectares ont été concédés au groupe Lever en 1956 et ont été plantés de palmiers à huile, à Lukumete, en 1959 et 1960.

            Ces 1264 hectares n’étaient pas occupés par des Ngandu, mais par des Lielie et des YaMonongeri qui ont suivi les Ngandu dans leur migration.

            Nous avons consacré un chapitre spécial à ces Lielie. 

 

            Actuellement, en 1962 - 1963 , ces six chefferies du groupe Ngandu proprement dits sont regroupées en un seul secteur, le Secteur BoLinga.

            Ce secteur est donc frontalier:

                        - des Territoires de Basoko et de Yahuma depuis la rivière Mokakoria jusqu’à la rivière Loleka, le long du cours de la rivière Masua.

                        - des Territoires de Yahuma et d’Isangi, le long de la rivière Loleka.

 

            On rencontre le long de la rivière Loleka, depuis l’embouchure de la rivière Masua et en remontant le cours de la rivière Loleka en Territoire de Yahuma, les clans frontaliers suivants:

 

1.- Les YaOseo: Qui seraient probablement des Muingi en Territoire de Yahuma, ils

                           parlent d’ailleurs le langage des Muingi.

 

2.- Les YaKote-YaMbula

 

3.- Les YaOkoka

 

4.- Les YaOluka    (disparus)

 

5.- Les YaOlia

 

6.- Les YaOtumbu

 

7.- Les LiNgomo

 

8.- Les YaMongo

 

 

2.- LES BaNGANDU LALIA OU DZALIA

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            Croient en un Dieu appelé Dzakomba.

            Ils constituent une peuplade qui serait issue de l’ancêtre Afalalia.

 

            Actuellement, en 1962 - 1963, la situation sur le terrain est la suivante:

 

2.1.- Les Mbuma: Tribu issu de l’ancêtre Afahuma, les premiers Ngandu qui

                              auraient traversé le fleuve Congo.

 

   2.1.1.- Les Mbuma - Bofongo : sous tribu se trouvant en Territoire de

                                                     Yahuma, au delà de la rivière Lonua et de la chefferie Bokala mais ne dépassant pas la Lopori, ils sont issus de l’ancêtre Fongo

 

               2.1.1.1.- Chefferie BoFongo : ancêtre Lolongo, deux clans:

                                             - Bofongo I : Ancêtre Ilua.

                                             - Bofongo II : Ancêtre Kaolingo, mais celui-ci aurait peut-être donné naissance à la chefferie BoAngi.

               2.1.1.2.- Chefferie BoAngi.

              2.1.1.3.- Chefferie Yete : Ancêtre Afayete.

               2.1.1.4.- Chefferie Yala : Ancêtre Lotoko, mais c’est moins que

                                                       certain, ce nom serait peut-être une moquerie de la part de leurs voisins (Lotoko veut dire alcool de fabrication artisanale).

               2.1.1.5.- Chefferie Wanga-Limongo: Ancêtre Mbula.

               2.1.1.6.- Chefferie BoFongo-Mbuma : Ancêtre Bofokaw.

               2.1.1.7.- Chefferie BoNgoï : Ancêtre Isekalayolo.

               2.1.1.8.- Chefferie Dikila.

               2.1.1.9.- Chefferie Lilangi

 

2.1.2.- Les Mbuma - Poko : sous tribu se trouvant au-delà de la rivière

                                             Lopori, donc en Territoire de Dzolu, ils sont issus de l’ancêtre Afampoko.

               2.1.2.1.- Chefferie Bimbi : Ancêtre Afiambi.

               2.1.2.2.- Chefferie LoNtulu : Ancêtre Afalotulu.

               2.1.2.3.- Chefferie LoSaïla : Ancêtre Afafoka.

               2.1.2.4.- Chefferie Kongi : Ancêtre Afakongi.

               2.1.2.5.- Chefferie BaKeri : Ancêtre Atitema.

                           2.1.2.6.- Chefferie BoHumbo : Ancêtre Afokumbo.

 

2.2.- Les YaSeka : Tribu issue de l’ancêtre Afaseka, ils croient au Dieu Ingologolo.

                              Ce groupe, ainsi que les suivants se trouvent en Territoire de Dzolu et hors du cadre que nous nous sommes assigné, aussi, n’en donnerons-nous pas de détails.

           

            2.2.1.- Chefferie YoLota: Ancêtre Afolota.

            2.2.2.- Chefferie YaKose-Wamba : Ancêtre Afomba.

            2.2.3.- Chefferie YaLola : Ancêtre Nkalola.

            2.2.4.- Chefferie YaLalla : Ancêtre Nkailala.

            2.2.5.- Chefferie Lingomo: Ancêtre Bofeko.

           

2.3.- Les BoKote-Dongo : Tribu issue de l’ancêtre Afekote, actuellement en Territoire

                                          de Yahuma.

 

            2.3.1.- Les Lindza : sous-tribu issue de l’ancêtre Afolinza.

            2.3.2.- Les Pombi : sous tribu issue de l’ancêtre Batipombo.

           

2.4.- Les BaIndza : Tribu issue de l’ancêtre Afaindza.

 

2.5.- Les Simba : Tribu située en Territoire de Yahuma, mais sur la rivière Lopori, à

                            la limite du Territoire de Dzolu.

 

2.6.- Les Pokolo : Tribu issue de l’ancêtre Afokolo.

 

2.7.- Les Ngolo ou Lalia-Ngolo : issus de l’ancêtre féminin Ngolo a Ngolumbu a Lola,

                                                     qui avait épousé Donga et lui a donné deux filles.

                                   - L’aînée : Ngosambi, a épousé Bokutu, leur descendance s’est établie dans le Territoire de Dzolu.

                                   - La cadette : Pengele-Pengele a épousé Ngonda-Ngonda, leur descendance s’est établie en Territoire d’Ikela.

 

            En 1892, les Lalia-Ngolo du Territoire d’Ikela travaillèrent pour la compagnie Anglo-Belgian-India-Rubber (ABIR).

             

            2.7.1.- En territoire de Dzolu : Ancêtre Ngosambi.

 

                        2.7.1.1.- Chefferie Likonda : Ancêtre Afiyokandala.

                        2.7.1.2.- Chefferie Nsema : Ancêtre Afansema.

                        2.7.1.3.- Chefferie Balanga : Ancêtre Afalilanga.

                        2.7.1.4.- Chefferie Yundji : Ancêtre Kaliundji.

 

            2.7.2.- En Territoire d’ Ikela : Ancêtre Pengele-Pengele.

 

                         2.7.2.1.- Chefferie Ilonga : Ancêtre Afiabongo

                         2.7.2.2.- Chefferie Mpangu : Ancêtre Mpangu.

                         2.7.2.3.- Chefferie Bosondongo : Ancêtre Bosondongo.

                         2.7.2.4.- Chefferie Liendo-Itali : Ancêtres Afaliendo et Afaitali.

 

 

 

                                                                                                                                                                                                                  Notes prises à Lukumete en 1962

                                                       Notes complétées à Elisabetha en 1968

                                                       Rédigé à Bruxelles le 02.01.1999

                                                       Adapté à Anderlecht le 12.04.2010      

 

                                                                       E.A.Christiane

 

 

 

 

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